Le 4 août 2024, Bamako a décidé de la « rupture avec effet immédiat de ses relations diplomatiques avec l’Ukraine », a déclaré son porte-parole, le colonel Abdoulaye Maïga. Une décision, conséquence directe des combats de juillet dernier au cours desquels le groupe Wagner a subi la plus lourde défaite en une bataille en Afrique.
Les séparatistes et les jihadistes ont affirmé avoir tué des dizaines de membres du groupe paramilitaire russe Wagner et de soldats maliens lors de combats à Tinzaouatène, à la frontière algérienne dans l’extrême nord-est du pays. L’armée malienne et Wagner avaient reconnu des pertes importantes, sans donner de bilan précis.
Le gouvernement du Mali «a pris connaissance, avec une profonde stupeur, des propos subversifs par lesquels Andriy Yusov, porte-parole de l’agence ukrainienne de renseignement militaire, a avoué l’implication de l’Ukraine dans une attaque lâche, traître et barbare de groupes armés terroristes ayant entraîné la mort d’éléments des Forces de Défense et de Sécurité maliennes», a dénoncé le colonel Abdoulaye Maïga dans le communiqué.
«Le fait que les rebelles aient reçu les données nécessaires qui leur ont permis de mener à bien une opération contre les criminels de guerre russes, a déjà été observé par le monde entier. Bien entendu, nous ne divulguerons pas les détails. Plus d’informations à venir ici aussi», avait déclaré M. Yusov à la télévision ukrainienne, le 5 août 2024. Une vidéo qu’avait relayé l’ambassadeur ukrainien au Sénégal. Le gouvernement malien juge que ces actes «violent la souveraineté du Mali, dépassent le cadre de l’ingérence étrangère, et constituent un soutien au terrorisme international».
Par conséquent, il va saisir les autorités judiciaires compétentes, prendre les «mesures nécessaires pour prévenir toute déstabilisation du Mali à partir d’États africains, notamment à partir d’ambassades ukrainiennes installées dans la sous-région, avec des terroristes déguisés en diplomates», a annoncé le colonel Abdoulaye Maïga. Le 3 août, les autorités sénégalaises avaient indiqué avoir convoqué l’ambassadeur d’Ukraine à Dakar pour avoir publié une vidéo de soutien aux récentes attaques meurtrières contre l’armée malienne et ses alliés russes.
«Constant dans sa position de neutralité constructive dans le conflit russo-ukrainien, le Sénégal ne peut tolérer une quelconque tentative de transférer sur son territoire la propagande médiatique en cours dans ce conflit», avait déclaré le ministère sénégalais des Affaires étrangères dans un communiqué.