Des corps sans vie jonchent les trottoirs défoncés d’une ville à feu et à sang. Le sifflement des gaz lacrymogènes et le bruit des balles résonnent à N’Djamena, derrière laquelle s’élèvent de larges nuages de fumée noire. Les Tchadiens découvrent peu à peu les conséquences de la répression meurtrière qui s’est abattu hier jeudi dans le pays.
Dans une déclaration, le nouveau Premier ministre Saleh Kebzabo affirme que certains des manifestants étaient armés. Parmi les personnes tuées figurent des membres des forces de sécurité.
Le gouvernement a annoncé un couvre-feu dans la capitale et dans deux autres villes touchées par les manifestations. Les autorités affirment qu’une enquête va être ouverte.
En plus d’au moins la cinquantaine de personnes tuées, ce sont au minimum 300 autres blessées enregistrés dans le cadre d’un mouvement de colère populaire contre la prolongation de la transition militaire conduite par le fils du défunt président Idriss Déby Itno.
En Septembre 2022, un dialogue national souverain avait accordé deux années supplémentaires au général Mahamat Déby Itno avec possibilité de se représenter pour un mandat de six ans. Faisant usage d’armés à feu, les forces de l’ordre ont réussi à disperser les manifestants non sans semer la désolation en leur sein.
Selon le chef du gouvernement, Saleh Kebzabo, les manifestants étaient armées de gourdins ou encore de machettes mettant ainsi les forces de l’ordre dans une position de légitime défense. Face à l’ampleur de la situation et l’onde de choc provoquée par l’exposition des corps dans les rues de N’Djamena et ses environs, un Conseil des ministres s’est tenu au palais présidentiel.
L’ONU à travers le porte-parole du Secrétaire général, António Guterres, a appelé à l’apaisement. « Nous demandons aux autorités de veiller à ce que la sécurité, la sûreté et les droits de tous les Tchadiens, y compris le droit à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association, soient respectés. Nous appelons également toutes les parties à s’abstenir de toute violence ou de tout usage excessif de la force et à rester attachées à l’esprit de dialogue dans l’intérêt de la paix et de la stabilité du pays », a indiqué Stéphane Dujarric.
Des milliers de personnes avaient bravé l’interdiction de manifester dès les premières heures de ce jeudi 20 Octobre 2022 pour crier leur ras-le-bol contre ce qu’ils qualifient de succession dynastique à la tête du Tchad depuis plus de 30 ans. Tant dans la capitale N’Djamena qu’à Moundou, la deuxième ville du pays, ils étaient nombreux à avoir répondu à l’appel de la plateforme d’opposition Wakit Tamma et le parti Les Transformateurs de Succès Masra.
Le bilan de 50 Morts pourrait bien s’alourdir dans les prochaines heures selon l’opposition. Le président de l’union des journalistes du Tchad a réclamé une enquête pour établir les responsabilités suite au décès par balle d’un jeune journaliste Narcisse Oredje.