Elle assurait vouloir rester en poste, elle a finalement été poussée vers la sortie. Liz Truss a annoncé sa démission de son poste de Première ministre du Royaume-Uni ce jeudi. Elle devient la Première ministre la plus éphémère de l’histoire, avec 44 jours au pouvoir. En place depuis six semaines à peine, la situation de Liz Truss à Downing Street semblait de plus en plus intenable ces derniers jours. Cette décision entraîne automatiquement sa démission de la tête du parti conservateur. Elle a annoncé ce jeudi un scrutin pour lui succéder « d’ici la semaine prochaine ».
C’est le cas de figure qui avait été fatal à Boris Johnson en juillet : des démissions qui s’enchaînent au sein d’un gouvernement qui n’a plus confiance en son chef.
Moins d’une semaine après avoir dû limoger son ministre des Finances, et ami proche Kwasi Kwarteng, la Première ministre avait subi une nouvelle secousse ce jeudi avec la démission de sa ministre de l’Intérieur. Suella Braverman avait à cette occasion lancé une lourde charge contre Liz Truss, exprimant ses « graves inquiétudes » sur la politique du gouvernement, notamment sur l’immigration.
Selon un sondage YouGov, seul un Britannique sur dix avait une opinion favorable de Liz Truss, un sur cinq chez les électeurs du parti conservateur. 55% des membres du parti estimaient par ailleurs que Liz Truss devait démissionner. Plusieurs élus, notamment des députés, l’avaient publiquement exhorté à partir.
Un programme économique controversé
Liz Truss avait subi un tollé en présentant son plan économique. La présentation fin septembre de ses projets de baisses d’impôts massives et d’un soutien colossal pour faire face aux factures énergétiques avaient fait craindre un dérapage des comptes publics.
La livre avait chuté à un plus bas historique et les taux d’emprunt à long terme de l’Etat avaient flambé. La Banque d’Angleterre avait dû intervenir pour empêcher la situation de dégénérer en crise financière. Désavouée, la Première ministre avait fait volte-face et abandonné son programme économique. Sur le plan politique, Liz Truss était sorti de l’épisode avec son autorité en lambeaux, contrainte d’appliquer une politique qu’elle rejetait encore récemment.
Qui pour lui succéder?
Pour les conservateurs, l’enjeu est de trouver quelqu’un capable à la fois de rassembler le parti et d’inspirer confiance dans un pays qui subit une crise économique et sociale majeure avec une inflation qui a atteint un sommet en 40 ans. Plusieurs noms circulent, comme ceux de Rishi Sunak, Jeremy Hunt, Penny Mordaunt la ministre chargée des relations avec le Parlement voire même Boris Johnson, le Premier ministre qu’elle a remplacé en septembre.
L’opposition travailliste continue elle de caracoler dans les sondages et son chef, Keir Starmer, a appelé à la tenue d’élections législatives dès « maintenant ».
Afin qu’un nouveau Premier ministre soit désigné d’ici au vendredi 28 octobre, un processus accéléré a été mis en place par le Parti conservateur, qui est au pouvoir depuis douze ans. Les prétendants devront avoir les parrainages d’au moins 100 députés tories d’ici à lundi 14h (13h GMT). Un seuil qui limite ainsi à trois au maximum le nombre des candidats, le parti comptant 357 députés à la Chambre des Communes. A partir de là, plusieurs options sont possibles : Une seule personne parvient à réunir 100 parrainages: elle est automatiquement désignée victorieuse lundi 24 octobre. Elle peut toutefois faire l’objet d’un vote de ratification des adhérents du parti. Deux personnes ont ces parrainages: les 170.000 adhérents du parti doivent les départager par un vote en ligne d’ici au 28 octobre.