« Après des efforts de dialogue, de concertations, devant les risques de divisions et de fractures au sein de notre armée et considérant les motivations profondes de l’avènement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) pour l’intérêt supérieur du Burkina Faso, en toute conscience et en pleine responsabilité, j’ai renoncé à compter de ce jour 2 octobre, à ma fonction de chef de l’État, président de la transition, après un dialogue avec les autorités coutumières, religieuses, le capitaine Ibrahim Traoré et le président en exercice de Cédéao », a écrit le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, dans sa lettre de démission adressée au peuple burkinabè le 2 octobre, depuis Lomé au Togo, non sans poser de conditions.
Comme préalables à son départ, Paul-Henri Damiba a négocié : l’amnistie pour lui, ses proches et les soldats qui s’étaient engagés à ses côtés, la poursuite de la réconciliation nationale ou encore le respect des échéances devant permettre un retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024. En prenant la tête du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), le capitaine Ibrahim Traoré a rassuré la communauté internationale : les engagements du Burkina seront respectés, « notamment les droits humains ». L’ex-chef de la transition paye son manque de résultats dans la lutte contre les djihadistes mais aussi une attitude jugée trop conciliante avec le clan de l’ancien président Compaoré. Accusée d’abriter Paul-Henri Damiba dans l’une de ses bases militaires, la France a fait l’objet de représailles.
Le 1er octobre, des manifestants ont pris pour cible l’ambassade de France à Ouagadougou où un incendie a été allumé alors que la façade du bâtiment a été vandalisée. Plus tôt dans la journée, la diplomatie française a nié tout implication dans les événements intervenus au Burkina Faso. « Le camp où se trouvent les forces françaises n’a jamais accueilli Paul-Henri Damiba, pas davantage que notre ambassade », assurait le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Malgré ce démenti, le sentiment antifrançais ne semble pas être retombé.
Chargé de l’exécution des affaires courantes de l’État jusqu’à sa prestation de serment comme président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré a comme : rétablir l’ordre et la sécurité dans un État qui a perdu le contrôle de plus de 40 % de son territoire face à la poussée des groupes djihadistes, en dépit des promesses du colonel Damiba de faire de la lutte contre le terrorisme une priorité.