Vingt ans après le naufrage, le renflouement de l’épave est l’une des principales demandes des associations de victimes qui estiment le bilan à 2 000 morts. C’est d’ailleurs le thème de l’édition 2022 de la journée de commémoration. De nombreuses familles espèrent aussi toujours que justice soit rendue. Les procédures lancées au Sénégal et en France sont closes depuis plusieurs années. À l’époque, le président Abdoulaye Wade avait pourtant dit que toute la vérité serait faite et promis des sanctions. « J’ai demandé au chef d’état-major général et au haut commandement de la justice militaire de me proposer des sanctions au cas où des fautes seraient relevées, avait-il déclaré lors d’une allocution télévisée, le 2 octobre 2002. Nous nous devons de faire notre introspection et admettre que les vices qui sont à la base de cette catastrophe trouvent leurs fondements dans nos habitudes de légèreté, de manque de sérieux, de responsabilité, parfois de cupidité. »
En 2003, la justice sénégalaise a classé le dossier sans suite en concluant à la seule responsabilité du commandant de bord, disparu dans le naufrage. En France, malgré une expertise alarmante sur l’état du bateau, le long parcours judiciaire s’est terminé par un non-lieu, en 2018. Aujourd’hui, « il n’y a toujours ni coupable, ni responsable », dénonce l’un des collectifs de victimes. Les proches des disparus réclament également une meilleure prise en charge des orphelins du Joola. Le drame a laissé des traces sur leur génération, souligne Alassane Thiam, dont le père est décédé dans le naufrage. Il regrette notamment l’absence de prise en charge psychologique et de soutien pour l’insertion professionnelle.
Le 26 septembre 2002, près de 2 000 personnes embarquent alors que la capacité du bateau est limitée à 536 passagers ! Il y avait, à son bord, des élèves et étudiants qui retournaient à Dakar pour la rentrée scolaire et universitaire, des militaires, une équipe de football et les « banabanas », ces commerçantes qui vendent les produits casamançais dans un marché de la capitale. Avec seulement 64 survivants, dont un Français, le naufrage du Joola est l’une des plus grandes catastrophes de la navigation civile au monde.