Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, président de la transition au Burkina Faso, a limogé son ministre de la Défense, Barthélémy Simporé, et le remplace à ce poste, selon des décrets publiés le 12 septembre 2022. Le président Damiba sera secondé par le ministre délégué auprès du ministre de la Défense et des anciens combattants, le colonel-major Silas Keita, ancien chef d’état-major de la Brigade des sapeurs-pompiers. Les autres ministres du gouvernement gardent leurs postes.
Le colonel-major Barthélémy Simporé avait été nommé ministre délégué à la Défense, fin juin 2021, par le président d’alors, Roch Marc Christian Kaboré. Il avait été promu général de brigade puis ministre de la Défense en octobre de la même année. Au moment du putsch militaire de janvier 2022, Barthélémy Simporé a été en contact avec certains mutins. Il avait pris la parole pour affirmer que tout était sous contrôle. Dans un premier temps, il a été placé aux arrêts, avant de faire son retour dans le gouvernement de transition annoncé début mars 2022. Il devient alors ministre d’État à la Défense et aux Anciens combattants. Le léger remaniement du 12 septembre intervient après plusieurs attaques jihadistes.
Quelque 40% du territoire burkinabè est hors de contrôle de l’État. Les attaques se multiplient ces derniers jours. Le 12 septembre encore, deux soldats ont perdu la vie dans une attaque qualifiée de « complexe » contre un détachement militaire dans la province de l’Oudalan, dix assaillants ont été tués, selon l’armée.
La semaine dernière, 35 civils avaient péri après l’explosion déclenchée à distance d’une bombe au passage de leur convoi, entre Djibo et Bourzanga, dans la région du Sahel. C’était d’ailleurs la dernière prise de parole du général Simporé. Le désormais ex-ministre de la Défense évoquait alors « la nature perfide et cynique des groupes armés terroristes ». On pourrait y voir un aveu d’impuissance. En tout cas, le président Damiba a tranché. Le chef de la junte à Ouagadougou dressait pourtant il y a encore quelques jours un bilan plutôt positif de la lutte anti-jihadistes. Mais ses propos prononcés lors d’un déplacement à Dori, chef-lieu de la région du Sahel, ont vite été ternis par la réalité du terrain.
Fin août, les populations de la région du Sahel avaient manifesté pour dénoncer ce qu’elles appellent « l’incompétence des autorités ». Le président de la transition en a semble-t-il tiré les conséquences. Il est donc dorénavant aussi ministre de la Défense. À ses côtés, le colonel-major Silas Keïta a été promu général de brigade.