Heurts verbaux et même physiques ont ainsi jalonné la session inaugurale de l’Assemblée nationale rendant impossible la tenue du vote. La doyenne d’âge et présidente de séance, Aida Sow Diawara, a finalement fait recours à la gendarmerie qui a tenu en respect les membres de l’opposition pour démarrer le vote. C’est dans cette atmosphère inédite que s’est déroulé le scrutin qui a consacré Amadou Mame Diop, nouveau président de l’Assemblée nationale avec 83 voix pour et un bulletin nul, sur 165 parlementaires. Les députés de l’opposition qui comptaient trois candidats pour le poste ont refusé de voter. Présent lors de la législature 2012-2017, Amadou Mame Diop devient la 12e personnalité à occuper ce poste depuis 1960.
Candidat de la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakar (BBY), actuel directeur général de la Société d’aménagement de la petite cote (Sapco), Amadou Mame Diop le député-maire de Richard-Toll, une ville du nord du Sénégal, est peu connu du grand public. « Je serai votre président, le président de tous les députés. Ensemble pour relever les défis d’une assemblée constructive engagée pour le peuple sénégalais qui attend beaucoup de nous », a-t-il déclaré dans la cacophonie, une fois sa victoire annoncée.
La victoire du nouveau président de l’Assemblée nationale, pharmacien de profession, fidèle militant de l’Alliance pour la République (APR), le parti créé par le président Macky Sall, a été rejetée par le camp de l’opposition. « Le vote nous a été imposé par les gendarmes alors que nous contestions la procédure. Nous ne considérons pas Amadou Mame Diop comme le président de l’Assemblée nationale mais comme un président factice », dénonce Abas Fall, député du parti Pastef les Patriotes, dirigé par la figure de l’opposition Ousmane Sonko. Alors qu’il n’a pas voté, le parlementaire prévient d’ores et déjà que l’opposition va « utiliser les voies de recours » qui s’offrent à elle pour faire invalider ce vote.
Deux points de blocage ont crispé les discussions d’installation de la 14e législature issue des élections législatives du 31 juillet dernier. D’abord, des désaccords sur la procédure liée aux bulletins de vote pour l’élection du président de l’Assemblée. Mais surtout l’opposition n’a cessé de dénoncer « l’incompatibilité » des postes de ministres et de députés. Les parlementaires se sont succédé au pupitre pour demander que les deux députés qui sont encore en poste au gouvernement ne puissent pas voter puisqu’ils n’ont pas démissionné de leurs responsabilités exécutives.