Créé par décret du président Faustin-Archange Touadéra le 29 août dernier, le comité de rédaction de la nouvelle Constitution centrafricaine connait désormais sa composition. Le chef de l’État a nommé, le 12 septembre 2022, 55 personnalités chargées de plancher sur une nouvelle Loi fondamentale dans les trois prochains mois.
Dans ce comité figurent des ministres, membres du premier cercle du chef de l’État, comme celui de la Justice, Arnaud Djoubaye Abazene, ou celui en charge des Relations avec les institutions, Maxime Balalou. Y figurent également des députés, dont Brice Kevin Kakpayen, promoteur d’une réforme de la Constitution déposée à l’Assemblée nationale en mai dernier, des représentants de groupes de la société civile, des syndicats, des chefferies, ou encore des confessions religieuses. Problème : le projet de réforme constitutionnelle est rejeté par plusieurs opposants et responsables de la société civile.
Au sein de la COD-2020 ou du nouveau Bloc républicain de défense de la Constitution (BRDC) des voix dénoncent des « débauchages », tandis que la plateforme de la société civile anti-révision, G-16, s’inquiète d’un « coup d’État institutionnel en préparation », et voit dans ces nominations un « moyen de faire pression » sur la Cour constitutionnelle, qui doit se prononcer d’ici à la fin du mois sur la validité du processus constitutionnel qui pourrait permettre au président Faustin-Archange Touadéra de briguer un troisième mandat. La prochaine présidentielle est prévue en 2025. Les partisans du chef de l’État ont annoncé les couleurs.
Le 8 septembre dernier, à l’appel des organisations proches de la majorité présidentielle la Galaxie, de jeunes manifestants ont scandé des propos hostiles à Danièle Darlan, présidente de la Cour constitutionnelle centrafricaine. Les partisans du chef de l’État n’apprécient pas la dernière décision de la Cour qui avait déclaré anticonstitutionnelle la loi sur le Sango coin (le Bitcoin national). Mais ce n’est pas tout. La saisine de l’opposition et de la société civile contre le projet du président Faustin-Archange Touadéra de faire modifier la Constitution irrite aussi ces partisans du pouvoir qui entendent ainsi maintenir la pression sur la Cour.
Martin Ziguélé, président du Mouvement pour la libération du peuple centrafricain (MLPC) et porte-parole du Bloc républicain pour la défense de la constitution (BRDC), hostile au troisième mandat, a publié un tweet dans lequel il dit condamné fermement la manifestation orchestrée devant la Cour Constitutionnelle pour l’intimider. « Cela est indigne d’un État de droit et préfigure cette présidence à vie que le pouvoir cherche par tous les moyens », a écrit l’ancien Premier ministre.