La nouvelle est tombée dans la nuit du 10 octobre 2021. Sœur Gloria Cecilia Narvaez Argori, missionnaire de la communauté des Franciscaines de Marie Immaculée, a été libérée, a annoncé la présidence malienne dans un communiqué. Membre de cette congrégation d’origine suisse et présente dans 17 pays à travers le monde, elle travaillait depuis six ans comme missionnaire, dans la paroisse de Karangasso, avec trois autres religieuses. Sa libération, après son enlèvement en février 2017 par des jihadistes au Mali, est le couronnement de 4 ans et 8 mois d’efforts conjugués de plusieurs services de renseignements.
Selon une de ses consœurs, sœur Carmen Isabel Valencia, sœur Gloria Cecilia Narvaez Argori s’était volontairement livrée à ses ravisseurs alors qu’ils s’apprêtaient à enlever deux religieuses plus jeunes. « Je suis la supérieure, emmenez-moi », leur aurait-elle dit, avant d’être enlevée. Durant ses années de détention, elle avait notamment côtoyé l’humanitaire française Sophie Pétronin, qui a elle-même été libérée en octobre 2020, ainsi que le prêtre italien Pierluigi Maccalli. A la demande du Vatican, la communauté chrétienne Sant’Egidio, basée à Rome, a joué un rôle important pour la libération de la religieuse. Profitant d’un séjour officiel à Bamako en août, des responsables de cette communauté ont fait avancer le dossier. Il y a eu, par exemple, une rencontre avec des médiateurs locaux habitués aux questions de libération d’otages, ainsi qu’une rencontre également avec des responsables de services de renseignements de la sous-région.
A l’Eglise catholique du Mali, des consignes de discrétion ont été données. Selon une source au cœur du dossier, entre les mois d’avril et mai derniers, les ravisseurs de la religieuse colombienne auraient déjà accepté de la libérer, mais au dernier moment, un grain de sable dans la machine a fait échouer l’opération. Si l’on ignore la contrepartie de cette libération, rendue à Bamako, elle a été reçue par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, en présence du cardinal Jean Zerbo, archevêque de Bamako, avant de s’envoler pour Rome où elle a rencontré le pape François le 10 octobre.