Le 19 août 2021, les Etats-Unis ont annoncé offrir une récompense de 5 millions de dollars pour l’arrestation de l’ancien putschiste bissau-guinéen Antonio Indjai, 66 ans, recherché pour son rôle présumé dans un trafic de drogue lié aux guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Le général Antonio Indjai a dirigé les forces armées bissau-guinéennes depuis qu’il a destitué son prédécesseur José Zamora Induta en marge d’une mutinerie en avril 2010.
Le 13 avril 2012, le général Antonio Indjai, alors chef d’état-major avait fomenté un coup d’Etat, interrompant le processus électoral à deux semaines du second tour de la présidentielle organisée après la mort du président Malam Bécaye Sagna en janvier de la même année. En raison de ce coup de force, il fait l’objet d’une interdiction de voyager des Nations unies depuis mai 2012. Après le coup d’Etat, une autorité de transition avait été mise en place jusqu’à l’élection, en mai 2014, de José Mario Vaz. Le processus électoral pour la présidentielle de 2019 a été exempt de violences et s’est déroulé sans intervention des militaires.
En 2013, des procureurs américains l’avaient inculpé, l’accusant d’avoir accepté de stocker pour les FARC des tonnes de cocaïne dont la vente avait financé l’achat d’armes pour les guérilleros et des pots-de-vin à destination de responsables en Guinée-Bissau. « Indjai était considéré comme l’une des figures déstabilisatrices les plus puissantes de Guinée-Bissau, agissant librement dans toute l’Afrique de l’Ouest, utilisant des bénéfices illégaux [provenant de la vente de drogue] pour corrompre et déstabiliser d’autres gouvernements étrangers et affaiblir l’Etat de droit dans la région », a affirmé le département d’Etat américain dans un communiqué. Les 5 millions de dollars récompenseront toute information permettant son arrestation ou sa condamnation.
La mise à prix de la tête du général Antonio Indjai semble prendre de court la Guinée-Bissau. Le président Umaro Sissoco Embalo rejette les accusations américaines contre l’ancien général et exclut toute extradition vers les Etats-Unis. « Aucun citoyen guinéen ne sera traduit en justice dans un autre pays », a-t-il tranché. Etant donné que l’homme recherché a encore beaucoup d’influence au sein de l’armée, l’annonce de Washington risque d’approfondir les clivages dans ce pays fragile.