Plus d’un mois après l’affaire Michel Zecler, le producteur de musique noir, passé à tabac par quatre policiers du commissariat du XVIIe de Paris, c’est autour de l’affaire de la journaliste parisienne, Estelle GUEÏ, d’alimenter les débats autour des abus policiers. Son crime ? avoir dénoncé les méthodes de travail abusives de la police en vidéos, après avoir écopé d’une double amende de 270 euros, pour port de non masque dans la rue, additionné d’une seconde amende arbitraire, pour soi-disant manque de courtoisie. A ce moment-là, l’action se passe en novembre 2020, soit 1 semaine après que le gouvernement français ait instauré le second confinement pour lutter contre la crise sanitaire du COVID-19. La jeune femme, très influente sur les réseaux sociaux, décide de partager à sa communauté Instagram et Facebook sa frustration. Ce sera le début de sa mésaventure avec la police de Paris IX, comme elle nous l’explique : « Dans cette vidéo postée sur Instagram je dénonçais la double amende et m’interrogeait sur les méthodes de travail de ces policiers peu respectueux de la personne ».
Une phase prononcée sous le coup de la colère et du stress lié au contexte sanitaire, a suffi pour déclencher la chasse à l’homme : « C’est vraiment des connards ces putains de flics à la con !». Pendant près de 2 mois, les policiers du commissariat de Paris IX la harcèleront au téléphone en l’appelant en appels masqués ; en la menaçant de « géolocaliser son téléphone portable » et de « tracer son ordinateur » si elle ne se rend pas dans les plus brefs délais au commissariat de Police de Paris IX. La journaliste constatera également que l’une des policières qui l’a harcelée au téléphone et dont nous tairont l’identité, la suit aussi toujours sur les réseaux sociaux puisque son nom, prénom et visage y figurent à chacune des stories qu’elle poste sur Instagram. A l’heure où nous publions cet article certains policiers qui lui ont fait subir une véritable ratonnade en garde à vue espionnent chacun de ses faits et gestes sur ce réseau social ! N’ont-ils pas autre chose à faire que de poursuivre une consœur sans histoires ?
La convocation du 5 janvier 2021 à 14h10 au commissariat de police de Paris IX ne sera qu’un appât. « Visiblement j’étais très attendue ! » constate Estelle Esther. Plus tard, elle se rendra compte être « tombée dans un véritable traquenard, autrement dit un guet-apens, où je ne pouvais pas sortir, puisque toutes les portes étaient verrouillées !» Au moment où l’on lui signifie sa garde à vue arbitraire il est exactement 14 h 10. Sur place, la jeune journaliste est privée de tous ses droits. On lui refuse d’alerter son avocat et d’avoir droit à un avocat commis d’office. Elle devra attendre 20h derrière les barreaux de la cellule avant de bénéficier de l’aide d’une jeune avocate commise d’office, le lendemain matin… Les abus policiers qu’Estelle GUEÏ subira sont effarants : propos racistes liés aux ratonnades (policiers français qui torturaient les populations maghrébines en marge de la guerre d’Algérie), mise à nue intégrale dans une pièce non fermée, refus d’avoir un gobelet d’eau, menaces verbales, prises ADN, photos et empreintes digitales contre son gré, déplacement nocturne dans ce qui semblerait être un prison de mandat de dépôt….Nous nageons en plein vices de procédures, méthodes discutables, atteintes à la dignité humaine, au mépris total de la personne et des lois françaises ! 24 heures passées dans l’enfer d’un commissariat de police français, où les fonctionnaires de police sont lâchés en roues libres. Cette convocation émise par un simple mail, s’apparente plus à une « vengeance personnelle, pour me donner une leçon suite à la publication de vidéos sur Instagram » comme le confiera la jeune journaliste. Lors de sa garde à vue abusive, Estelle, pense frôler le pire lorsque 3 policiers se jettent sur elle pour lui arracher son téléphone portable des mains et l’empêcher de contacter son avocat. Après cette scène surréaliste, elle subira une palpation à nue en intégral : « Je me retrouvée nue et en pleurs, dans une petite pièce, la porte entrouverte, ce qui permettait aux hommes de se rincer l’œil discrètement. » Un vrai traumatisme pour la jeune métisse, de look plutôt BCBG, habituée des écoles privées et de la vie parisienne dans l’univers du luxe. Elle subira une véritable humiliation dans un milieu censé incarner la justice française.
Comme un scénario de film d’horreur, où s’enchaîne des scènes épouvantables, la jolie métisse sera forcée à se soumettre à une prise d’empreintes digitales, ADN et à une série de photos. Une étape pourtant réservée aux criminels. Ce qu’elle n’est absolument pas : « Je ne suis pas une délinquante ni une criminelle. »
La journaliste qui avait l’habitude de fréquenter des personnalités du show-biz, personnages politiques et décideurs économiques, est alors exposée à toute sorte de dangers et mauvais traitements dans ce commissariat de police du 9ème arrondissement de Paris. Ajoutez à cela, la non observance des mesures barrières pourtant préconisées par les autorités, puisque les policiers ne portaient pas eux-mêmes le masque ! Ainsi Estelle GUEÏ n’aura aucune difficulté à reconnaître ses agresseurs.
Conservons cette anecdote cocasse pour clore cette rocambolesque garde à vue à la française, lorsque l’avocate commise d’office arrivera le lendemain matin au commissariat de police. Elle ne pourra que constater la bavure : « Mademoiselle, c’est évident que vous n’avez pas le profil pour être ici ! Vous avez été victime d’un abus ! »
C’est alors que la journaliste prendra conscience avoir été victime d’un zèle policier pour l’écraser, l’humilier et l’asservir, sans témoins !