Le roi Mohammed VI du Maroc et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, ont eu un entretien téléphonique, deux semaines après le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Un communiqué du cabinet royal en donne les détails. Au cours de cet entretien, « Sa Majesté le roi a rappelé les liens forts et particuliers entre la communauté juive originaire du Maroc et la monarchie marocaine. Le souverain a, également, réitéré la position cohérente, constante et qui demeure inchangée du royaume du Maroc au sujet de la question palestinienne ainsi que le rôle pionnier du royaume pour la promotion de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient », renseigne ledit communiqué.
C’est dans ce contexte que le roi s’est félicité de « la réactivation des mécanismes de coopération entre le royaume du Maroc et l’Etat d’Israël, et de la reprise des contacts réguliers, dans le cadre de relations diplomatiques pacifiques et amicales ». Pour sa part, le Premier ministre israélien a assuré Sa Majesté, « de sa détermination à mettre en œuvre tous les engagements pris, selon un calendrier précis de mise en œuvre ». La déclaration trilatérale entre le royaume du Maroc, les Etats-Unis d’Amérique et l’Etat d’Israël, signée devant Sa Majesté le roi, le 22 décembre, constitue le cadre de référence pour le développement et l’évolution de ces relations. Une normalisation au revers inquiétant.
L’annonce faite par le président Donald Trump concernant la normalisation des relations entre le Maroc et Israël a remis sur le devant de la scène un conflit oublié, celui du Sahara occidental. La reconnaissance d’Israël par les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan avait été obtenue par la promesse d’avantages économiques et militaires. Cette fois, ce sont les droits de tout un peuple qui ont été bradés par l’administration des Etats-Unis, pour s’assurer les bonnes faveurs marocaines. En effet, dans une déclaration publiée le 10 décembre, les Etats-Unis « reconnaissent la souveraineté marocaine sur l’ensemble du territoire du Sahara occidental », en estimant « qu’un Etat sahraoui indépendant n’est pas une option réaliste pour résoudre le conflit ». Une fois de plus, et à l’instar de son « accord du siècle » supposé résoudre le conflit israélo-palestinien, Donal Trump prétend régler un différend au Moyen-Orient au mépris des principes du droit international et sans consulter l’une des parties, en l’occurrence le peuple sahraoui, représenté par le Front Polisario.
A cet égard, il est bon de rappeler que le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est inscrit sur la liste des territoires non autonomes établie par les Nations unies, et que son peuple bénéficie du droit à l’autodétermination, comme l’ont reconnu de nombreuses résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies, notamment la résolution 2229 du 20 décembre 1966, ainsi qu’un avis de la cour internationale de justice rendu en 1975. En violation de ces principes, la majeure partie du territoire du Sahara occidental a été conquise par le Maroc en 1975, qu’il a ensuite annexé, la présence marocaine ayant été qualifiée d’« occupation » par l’Assemblée générale de l’ONU, suivant la résolution 34/37 du 21 novembre 1979.
Il en résulte que le Sahara occidental se voit reconnaître un statut séparé et distinct par rapport à celui de tout Etat, y compris celui du Maroc. Il en résulte aussi que sa population dispose d’un droit à l’autodétermination, qui doit être mis en œuvre par la tenue d’un référendum, exigée de longue date par le conseil de sécurité de l’ONU, à laquelle le Maroc s’oppose, s’en tenant à une offre d’autonomie sous souveraineté marocaine, solution désormais avalisée par les Etats-Unis. Saluée par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, elle a été fermement condamnée par le mouvement islamiste palestinien Hamas et le Front Polisario.