Le parquet algérien a requis 15 ans de prison ferme contre « Madame Maya », la « fille cachée » de l’ex-chef d’Etat Abdelaziz Bouteflika, jugée en appel à Tipaza, près d’Alger. Cette femme d’affaires algérienne qui se faisait passer pour la fille de l’ancien président, est jugée pour corruption avec 13 autres accusés. Ouvert le 26 décembre, son procès en appel a commencé avec l’audition des accusés et des témoins, et s’est poursuivi le lendemain avec les plaidoiries de la défense. Le parquet a requis 15 ans de prison ferme contre elle, et 10 ans contre ses deux filles, Imène et Farah.
L’influente Zoulikha-Chafika Nachinache, a été condamnée en première instance le 14 octobre à douze ans de prison ferme, une amende de six millions de dinars, environ 40 000 euros, et à la saisie de ses biens. Elle a été reconnue coupable de « blanchiment d’argent », « trafic d’influence », « dilapidation de deniers publics » et « transfert illicite de devises vers l’étranger ». Ses deux filles avaient écopé de 5 ans de prison. Inconnue du grand public avant cette affaire, « Mme Maya » a bâti une fortune colossale sur une rumeur qui faisait d’elle la « fille cachée » de l’ancien chef d’Etat. Largement relayée par l’entourage de Bouteflika, la rumeur lui a permis de bénéficier de nombreux privilèges et de la protection de hauts responsables comme l’ancien puissant patron de la police, Abdelghani Hamel.
« Des hommes d’affaires la priaient d’intercéder auprès des plus hautes autorités pour prendre un marché. Il y avait aussi des responsables qui venaient quémander une promotion ou une protection de la part de “son père”, le président. Et tout le monde payait grassement la dame », confiait un proche de « Madame Maya », dont l’histoire pourrait être celle d’une série à succès. Mais en juillet 2019, trois mois après la démission du président Abdelaziz Bouteflika, la justice algérienne a lancé une série d’enquêtes pour corruption.
Lors d’une perquisition dans sa résidence à Moretti, une station balnéaire chic de la banlieue d’Alger, les services de sécurité ont découvert une véritable caverne d’Ali Baba. Ils ont saisi près de 800 000 euros en dinars algériens, 270 000 euros, 30 000 dollars, 17 kg de bijoux en or, plusieurs documents de voyage, dont de faux passeports, et l’enquête révéla ses liens avec plusieurs hauts responsables. Bénéficiant jusque-là d’une protection policière, elle est arrêtée avec ses deux filles.
Deux anciens ministres, Mohamed Ghazi et Abdelghani Zaalane, ainsi que l’ex-chef de la police ont écopé de 10 ans de prison ferme dans cette affaire. Le parquet a requis en appel quinze ans de prison pour Messieurs Ghazi et Zaalane et 12 ans pour M. Hamel. Les condamnations en série à de lourdes peines de prison ont dévoilé l’ampleur des fortunes amassées par les hommes du sérail de l’ancien chef d’Etat.