Léandre Nzué, 63 ans, est en prison depuis le 14 septembre. Son avocat, Jean-Paul Moumbembé, a confirmé que son client a été placé sous mandat de dépôt « après avoir été hospitalisé la veille à la suite d’un malaise lorsqu’il était déféré au tribunal de Libreville après deux jours de garde à vue ». Selon le procureur de la République, André-Patrick Roponat, « Léandre Nzué, membre du Parti démocratique gabonais (PDG) au pouvoir, a été incarcéré à la prison centrale de Libreville, tout comme l’un de ses deux collaborateurs inculpés ». « Je regrette vivement. C’est comme si je n’avais pas fait mon travail. Mais les gens doivent comprendre qu’au niveau du juge d’instruction, on écoute. On ne défend pas », a tristement déclaré Jean Paul Moumbembé.
Le procureur de la République, André Patrick Roponat a communiqué la longue liste des chefs d’accusation qui pèsent contre le maire : « une information a été ouverte pour des faits d’association de malfaiteurs, détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux, extorsion de fonds, concussion, corruption passive, chantage, faux, usage de faux et complicité de faux, tour à tour ». A la tête de la mairie de la capitale gabonaise depuis 19 mois, Léandre Nzué, aurait détourné plus d’un milliard de F à la recette municipale.
Le gouvernement avait lancé, début novembre 2019, une vaste opération anticorruption visant notamment l’ancien homme fort de la présidence, Brice Laccruche Alihanga, directeur de cabinet d’Ali Bongo. Baptisée « Scorpion », cette opération a mené à l’incarcération de Laccruche Alihanga et de plus d’une dizaine de ses proches, dont trois anciens ministres. Son frère Grégory Laccruche Alihanga, maire d’Akanda, commune limitrophe de Libreville, a été également incarcéré dans le cadre de cette opération. Avant d’être présenté au procureur, Léandre Nzué avait passé 72 heures à la Direction générale des contre-ingérences de la sécurité militaire (DGCISM).
Les limiers de la DGCISM s’intéressaient alors particulièrement aux dépenses pour le moins excessives du maire depuis son élection. Léandre Nzué possèderait plus d’une dizaine de véhicules, des bateaux de plaisance et s’habillerait chez l’un des meilleurs couturiers de Paris. Si le maire de Libreville venait à être reconnu coupable de tous les 8 chefs d’accusation, il pourrait écoper jusqu’à 60 ans de prison et plus de 100 millions de F d’amandes. « Devant le juge d’instruction on a écouté, il a été interrogé il a ensuite été placé sous mandat de dépôt. C’est évident », a déclaré Jean-Paul Moumbembé au sortir de l’audition de son client devant le juge d’instruction.