Le CNSP (Comité national pour le salut du peuple) avait multiplié ces derniers jours les gestes d’ouverture notamment à travers l’évacuation sanitaire de l’ex-chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta vers les Emirats arabes unis. Mais la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) a durci le ton face aux militaires au pouvoir au Mali pour un retour à l’ordre constitutionnel normal avec un président et un Premier ministre civils, tolérant que le vice-président soit un militaire. Pour obtenir la levée des sanctions de la Cédéao, le CNSP devait proposer au plus tard le 22 septembre, les noms des dirigeants de la transition.
A quelques heures de cette échéance, le CNPS a rompu le suspense. Le 21 septembre au soir, Ba Ndaw a été nommé chef de l’Etat pour 18 mois, au moins, avant un retour des civils au pouvoir. Colonel-major retraité de l’armée de l’air, Ba Ndaw, 70 ans, est notamment passé par l’Ecole de guerre de Paris au cours de sa formation. Il avait été l’aide de camp de l’ex-président malien, le général Moussa Traoré, décédé le 15 septembre, et avait assumé les fonctions de chef d’état-major adjoint de l’aviation sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré de 1992 à 2002. Il avait été nommé ministre de la Défense en mai 2014, après la démission de Soumeylou Boubèye Maïga, après une défaite de l’armée malienne à Kidal.
Considéré comme un homme intègre, de rigueur dans le travail, doté d’une grande connaissance des dossiers, il aura comme vice-président le colonel Assimi Goïta, chef du CNSP, la junte au pouvoir depuis le putsch. Le chef du CNSP va s’occuper de la défense, de la sécurité et de la refondation de l’Etat. Le colonel Goïta est appelé à remplacer le président de transition en cas d’incapacité de ce dernier. A Bamako, les observateurs considèrent qu’il a plus de pouvoir que le nouveau président de la transition. C’est Assimi Goïta qui a annoncé le choix opéré par un collège d’une quinzaine de membres. « La cérémonie de prestation de serment aura lieu le vendredi 25 septembre », a-t-il précisé.
Toutes les attentes sont désormais focalisées sur la levée des sanctions de la Cédéao. Un secteur les subit de plein fouet. L’élevage représente chaque année près de 7% des recettes d’exportations nationales, et fait vivre plus de 30% de la population. Mais depuis le coup d’Etat militaire du 18 août dernier, la Cédéao a suspendu toute relation financière et commerciale avec le Mali. Pour les éleveurs, qui vendent une grande partie de leurs animaux dans les pays voisins, le coup est très rude.