« Rien ne peut justifier les conditions horribles dans lesquelles les réfugiés et les migrants sont détenus en Libye », souligne-t-il dans ce document. « Je renouvelle mon appel aux autorités libyennes (…) de fermer tous les centres de détention en coordination étroite avec les entités de l’ONU », ajoute-t-il.
Selon son rapport, « au 31 juillet, plus de 2.780 personnes, dont 22% d’enfants, étaient prisonnières » dans les centres de détention de migrants illégaux à travers la Libye. « Les enfants ne devraient jamais être détenus, notamment lorsqu’ils sont sans accompagnateur ou séparés de leurs parents », affirme Antonio Guterres. Le rapport évoque des « informations faisant état de torture, de disparitions forcées et de violences sexuelles et sexistes commises par les fonctionnaires gérant les centres, ainsi que d’un manque de nourriture et de soins de santé ». « Les hommes et les garçons sont régulièrement menacés quand ils appellent leurs familles afin de les pousser à payer des rançons.
Des migrants et des réfugiés sont la cible de tirs lorsqu’ils cherchent à s’échapper, ce qui entraîne des morts et des blessés. Et quand ils sont estimés trop faibles pour survivre, ils sont souvent abandonnés dans un hôpital proche ou laissés à la rue pour y mourir », indique le rapport. Dans les centres de détention où des stocks d’armes et de munitions sont conservés, les réfugiés et migrants, lorsqu’ils ne sont pas recrutés de force, sont souvent astreints à réparer ou recharger des armes appartenant à des groupes armés, relève aussi le chef de l’ONU. Plus d’un an après la frappe aérienne du 2 juillet 2019 qui a tué plus de 50 réfugiés et migrants et fait des dizaines de blessés dans le centre de détention de Tajoura près de Tripoli, aucune personne n’a encore été obligée de rendre des comptes, déplore-t-il par ailleurs. (Belga)
En 2019, Le ministre libyen de l’Intérieur, Fathi Bashagha, avait annoncé que la Libye prévoyait de fermer trois de ses plus grands centres de détention pour migrants. Les centres en question se trouvent à Misrata, Tajoura et Khoms. L’un de ces centres avait été bombardé et se trouve près de l’endroit où les factions rivales de la Libye se battent. Cette décision avait été prise après les critiques qui ont suivi l’attaque meurtrière de missiles en juillet 2019 sur un camp de migrants. Cette attaque qualifiée de “scandaleuse” pourrait constituer un crime de guerre, avaient déclaré Ghassan Salamé, envoyé de l’ONU en Libye, et Michelle Bachelet, haut responsable des droits humains.
En raison du Covid19, l’ONU intensifie sa mobilisation pour les migrants
La pandémie de COVID-19 exacerbe les vulnérabilités de millions de migrants, de déplacés internes et de réfugiés, des personnes particulièrement à risque qu’il est urgent de protéger face à la progression planétaire du coronavirus, avertissent les Nations Unies en appelant à une solidarité accrue avec ces populations et les communautés d’accueil. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime à environ 272 millions le nombre de migrants internationaux dans le monde, tandis que les déplacements internes affectent aujourd’hui plus de 41,3 millions de personnes. Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) dénombre par ailleurs 25,9 millions de réfugiés, dont 57% sont originaires de trois pays : la Syrie, l’Afghanistan et le Soudan du Sud.
Quel que soit leur statut migratoire, leur sort face à la maladie est source de préoccupation pour l’ONU. « Les trois quarts des réfugiés et de nombreux migrants à travers le monde se trouvent dans des régions en développement où les systèmes de santé sont souvent insuffisants et déjà surchargés », relèvent l’OIM et le HCR dans un récent message lancé conjointement avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).
Pour le respect des droits de l’homme
Alors que, dans un nombre croissant de pays, les frontières se ferment et les limitations de mouvement se généralisent, les agences onusiennes font également valoir que ces mesures doivent être mises en œuvre dans le plein respect des droits de l’homme et des normes internationales de protection des réfugiés, en tenant compte notamment du principe de non-refoulement. Dans le cadre du Plan mondial de réponse humanitaire à la COVID-19, les entités des Nations Unies sont mobilisées pour prévenir et contenir la propagation de la maladie parmi ces populations. Des hommes et des femmes qui, pour une large part, vivent dans des campements surpeuplés ou des zones urbaines pauvres, où elles n’ont qu’un accès limité aux services de santé, à l’eau potable et aux systèmes d’assainissement.
En réponse à ces contraintes, les équipes du HCR ont fourni aux réfugiés en Afrique d’importantes quantités de nourriture afin de réduire la fréquence des distributions et les risques posés par les files d’attente. En Éthiopie, l’approvisionnement en eau et en savon dans les camps a été augmenté et des stations de lavage des mains installées. Des mesures similaires ont été prises dans les camps de réfugiés de Tanzanie et d’Ouganda ainsi que dans les abris pour déplacés de Somalie.