Les interventions des têtes d’affiche ne se sont pas écartées de l’essentiel qui était de mobiliser un maximum d’électeurs le 3 novembre prochain en faveur du parti démocrate. Sur l’importance de voter, alarmiste, Hillary Clinton a imploré les électeurs de ne pas répéter les erreurs de 2016. « Si vous votez par correspondance, demandez votre bulletin de vote maintenant, et renvoyez-le dès que possible. Si vous votez en personne, faites-le tôt. Amenez un ami et portez un masque. Devenez membre du personnel électoral. Surtout, votez, quoi qu’il arrive. Votez comme si nos vies et nos moyens de subsistance étaient en jeu, parce qu’ils le sont », a exhorté l’ancienne secrétaire d’Etat et première candidate à la présidentielle américaine, qui s’exprimait de son domicile de Chappaqua, dans l’Etat de New York. Ensuite, les orateurs de la convention démocrate n’ont pas épargné le président Donald Trump. Jamais, sans doute, un ancien président américain n’avait aussi violemment attaqué son successeur. Mais mercredi soir, Barack Obama, qui fait pourtant rarement dans l’hyperbole, a livré un réquisitoire sévère et implacable contre Donald Trump.
« J’espérais que Donald Trump prenne ce job au sérieux. Qu’il ressente le poids de cette responsabilité et découvre une forme de révérence pour la démocratie placée entre ses mains. Mais il ne l’a jamais fait. Depuis quatre ans, il n’a montré aucun désir de se mettre au travail, aucun intérêt à utiliser la puissance de son mandat, si ce n’est pour son propre intérêt ou celui de ses amis », a martelé Barack Obama. Défenseur de la démocratie, mot qu’il a utilisé à 18 reprises, Obama a lancé un avertissement : « cette administration a montré qu’elle était prête à démanteler notre démocratie si c’est nécessaire pour gagner. Ne les laissez pas vous prendre votre pouvoir. Ne les laissez pas vous prendre votre démocratie ». Dans une rare agressivité, le prédécesseur de Trump a enfoncé le clou : « Donald Trump n’a pas évolué avec la fonction parce qu’il en est incapable. Et les conséquences de cet échec sont graves : 170 000 Américains morts, des millions d’emplois envolés, nos pires pulsions libérées, notre fière réputation à travers le monde gravement rabaissée et nos institutions démocratiques menacées comme jamais auparavant ». Le milliardaire républicain a utilisé la présidence comme « un show de télé-réalité de plus », a conclu Barack Obama qui s’exprimait juste avant Kamala Harris.
Personnalité la plus attendue de la soirée, Kamala Harris a tenu son rang. A l’amorce de son discours d’acceptation de la nomination démocrate pour la vice-présidence des Etats-Unis, la sénatrice de Californie a rappelé que, « le fait que je sois ici ce soir est un témoignage du dévouement des générations qui m’ont précédée. Des femmes et des hommes qui ont cru si ardemment à la promesse d’égalité, de liberté et de justice pour tous ». Sans détour, elle a brossé le bilan de Donald Trump. « Aujourd’hui, ce pays semble très loin. L’échec de la présidence de Donald Trump a coûté des vies et des emplois », a-t-elle constaté. Evoquant la pandémie de COVID-19, et le fait que les noirs ou les hispaniques soient proportionnellement plus victimes de la maladie, elle a mis en cause le racisme, selon elle, structurel de la société américaine. « Nous devons élire un président qui apportera quelque chose de différent, de meilleur, et qui fera le travail nécessaire. Un président qui nous réunira tous : Noirs, Blancs, Latinos, Asiatiques, Amérindiens, pour réaliser l’avenir que nous voulons tous. Nous devons élire Joe Biden ! », a-t-elle conclu.
Il n’y avait pas plus éloquent que Barack Obama pour vanter les mérites de Joe Biden. « Il y a 12 ans, quand j’ai commencé à chercher un vice-président, je ne savais pas que je finirais par trouver un frère », a déclaré Barack Obama. « Joe et moi venions d’endroits différents et de générations différentes. Mais ce que j’ai rapidement admiré chez lui, c’est sa résilience, née de trop de luttes ; son empathie, née de trop de chagrins. Joe est un homme qui a appris très tôt à traiter chaque personne qu’il rencontre avec respect et dignité, en vivant selon les mots que ses parents lui avaient appris : “Personne n’est meilleur que toi, mais tu es meilleur que personne” », a témoigné le 44e président des Etats-Unis.