C’est un coup dur pour l’administration Trump, une décision qui pourrait avoir des répercussions sur l’accord sur le nucléaire iranien, lequel est déjà mis à mal par le retrait unilatéral des Etats-Unis. Le Conseil de sécurité de l’ONU a dit non à la proposition des Etats-Unis. L’embargo sur les armes contre l’Iran ne sera pas prolongé au-delà du 18 octobre 2020, dans les termes voulus par Washington. Même s’il ne se faisait pas d’illusion, Washington espérait paraître moins seul dans sa stratégie de lutte contre le nucléaire iranien. C’est un camouflet pour Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, qui dénonce « l’incapacité du Conseil de sécurité à agir pour défendre la paix ». Les alliés européens marquent par leur vote, leur désaccord avec la politique iranienne des Etats-Unis. Tous se sont abstenus face à cette proposition qu’ils jugent inappropriée.
Téhéran a raillé Washington pour son incapacité à obtenir plus qu’une seule voix de soutien, celle de la République dominicaine. Pour le président iranien, Hassan Rohani, les Etats-Unis n’ont pas réussi à mettre fin à ce qu’il a appelé l’accord « à moitié vivant » de 2015 avec les grandes puissances qui a permis à l’Iran d’échapper aux sanctions en échange d’une réduction de son programme nucléaire. « A mon avis, ce jour restera dans l’histoire de notre pays et dans l’histoire de la lutte contre l’arrogance mondiale », a-t-il poursuivi. « Pendant les 75 ans d’histoire des Nations unies, l’Amérique n’a jamais été aussi isolée », a renchéri le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Moussavi. L’Iran se réjouit donc de ce qu’il appelle une humiliation pour l’Amérique.
Mike Pompeo a annoncé que les Etats-Unis ne s’arrêteront pas là. « L’incapacité du Conseil de sécurité à agir de manière décisive pour défendre la paix et la sécurité internationales est inexcusable », a réagi le chef de la diplomatie américaine dans un communiqué. « Les Etats-Unis n’abandonneront jamais nos amis dans la région qui attendaient davantage du Conseil de sécurité. Nous continuerons à travailler pour faire en sorte que le régime théocratique terroriste ne soit pas libre d’acheter et de vendre des armes qui menacent le cœur de l’Europe, du Moyen-Orient et au-delà », a-t-il martelé.
Washington pourrait être tenté d’imposer un retour des sanctions de l’ONU, lesquelles avaient été levées en échange de la promesse iranienne de ne pas se doter nucléaire militaire. Un accord conclu en 2015 et dont les Etats-Unis se sont retirés en 2018. Pour motiver son retrait de cette entente, Donal Trump l’avait jugé insuffisant, poussant l’Iran à ne plus en appliquer certains termes que les signataires européens continuent de respecter. Pour Londres, Berlin et Paris, le dialogue et la diplomatie sont à privilégier pour empêcher l’Iran de se doter d’arme nucléaire. En effet l’ambition, pas encore manifestée, des Etats-Unis d’imposer unilatéralement le rétablissement des sanctions de l’ONU levées en échange des engagements nucléaires iraniens, sur la base d’un argument juridique contesté par de nombreux membres du Conseil de sécurité, risquerait de pousser l’Iran à claquer définitivement la porte de l’accord nucléaire. Et donc à acter la mort du texte de 2015.