Depuis la dernière présidentielle, Félix Tshisekedi a creusé l’écart avec ses concurrents, obtenant un score presque deux fois supérieur à celui de 2018. Une fête, néanmoins quelque peu gâchée par de nouvelles accusations de fraude, émanant de l’opposition, liés aux nombreux retards et problèmes logistiques ayant entaché le scrutin.
Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a remporté l’élection présidentielle avec 73,34 % des voix, a déclaré le 31 décembre la Commission électorale nationale (Céni), loin devant ses principaux rivaux Moïse Katumbi (18,08 %) et Martin Fayulu (5,33 %). Tous deux dénoncent un «simulacre d’élection».
Au pouvoir depuis janvier 2019, celui que l’on surnomme par le diminutif «Fatshi», en référence à sa promesse de rebâtir la RDC, avait succédé au président Joseph Kabila, après près de 19 ans de règne, lors de la première transition pacifique de l’histoire du pays. Biberonné à la politique depuis sa plus tendre enfance, il a gravi méthodiquement les échelons pour s’imposer durablement à la tête de ce gigantesque pays d’Afrique centrale.
Né en 1963, Félix Tshisekedi est le fils d’Étienne Tshisekedi, défunt leader historique de l’opposition. Cet ancien compagnon de route du dictateur Mobutu Sese Seko (1965-1997), dont il a été plusieurs fois le ministre, avait fait le choix de la dissidence au début des années 1980 et créé son propre parti, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Il avait tenté sa chance à la présidentielle de 2011, remportée par Joseph Kabila.
Troisième enfant d’une famille de cinq, Félix Tshisekedi débute son parcours politique dans l’ombre de la figure paternelle. À 19 ans, il suit son père relégué par Mobutu dans son village du Kasaï. À 22 ans, «Fatshi», sa mère et ses frères prennent le chemin de l’exil en Belgique, pays qu’il considérera comme son «deuxième Congo», où il a notamment suivi une formation en marketing et communication.
Il entreprend de grimper les échelons du parti paternel. Il obtient son premier mandat de député en 2011, mais refuse de siéger à l’Assemblée nationale pour respecter le mot d’ordre de son père contre la réélection contestée de Joseph Kabila au pouvoir. À la mort d’Étienne Tshisekedi, en 2017, son fils reprend la tête du parti et devient candidat à l’élection présidentielle en mars 2018. «Je n’ai absolument pas l’intention, ni l’ambition de me mesurer à ce qu’il a été, mais mon rêve, c’est de continuer son œuvre», soutenait-il à propos de son père, avant d’exaucer son rêve en devenant, le 24 janvier 2019, président de la RDC.
Souvent décrit comme un personnage discret malgré sa stature imposante, cultivant l’art du compromis, Félix Tshisekedi n’en est pas moins stratège. Alors qu’il devait se rallier au candidat unique de l’opposition Martin Fayulu, «Fatshi» a finalement formé un ticket gagnant avec l’ancien président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, qui lui a ouvert les portes de la présidence.
Il est déclaré vainqueur avec 38,57 % des voix, devant Martin Fayulu (34,83 %) qui dénonce des résultats «ridicules», qui n’ont rien à voir avec la vérité des urnes. Si au départ de son premier mandat, un accord de coalition le liait à Joseph Kabila, il l’a rapidement fait voler en éclats en s’affirmant seul chef à bord. De multiples coups d’éclats et une habileté politique qui a d’abord surpris les observateurs, mais qui a contribué à ce que le «fils d’Étienne» se fasse un prénom.