Les familles des principaux accusés dans l’enquête sur l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, Jean-Pierre Amougou Belinga, homme d’affaires, et Léopold Maxime Eko Eko, directeur général de la Recherche extérieure (Dgre), sont passées par toutes les émotions le 1er décembre dernier. Dans un premier temps, leurs conseils ont présenté une ordonnance du juge d’instruction du tribunal militaire de Yaoundé, le lieutenant-colonel Florent Aimé Sikati II Kamwo, prescrivant leur remise en liberté provisoire. L’homme d’Affaires et promoteur du Groupe l’anecdote, et le patron des renseignements sont détenus à la prison principale de Yaoundé dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, chef de chaînes Magic FM.
L’un des avocats des prévenus a confirmé que cette décision lui avait été formellement notifiée alors qu’il se trouvait au tribunal militaire. Selon l’ordonnance de mise en liberté, le magistrat a estimé que les preuves étaient insuffisantes pour justifier le maintien de Jean-Pierre Amougou Belinga et Léopold Maxime Eko Eko en détention. Quelques heures plus tard toutefois, la situation demeurait incertaine. L’homme d’affaires et le patron de la Dgre sont accusés d’avoir joué un rôle dans la mort du directeur de la radio Amplitude FM, dont le corps supplicié avait été découvert à la périphérie de Yaoundé à la fin de janvier 2023, cinq jours après sa disparition.
Léopold Maxime Eko Eko est soupçonné «d’avoir provoqué de quelque manière que ce soit la torture de Martinez Zogo ou donné des instructions pour la commettre», selon l’ordonnance de mise en liberté publiée. Au cours de l’enquête, il a été interrogé à plusieurs reprises sur le fond du dossier. Il a notamment été confronté à son accusateur, Justin Danwe, ainsi qu’à plusieurs agents travaillant au sein de la Dgre au moment des faits. Sa dernière confrontation avec Justin Danwe date du 14 novembre 2023. Selon le même document, Jean Pierre Amougou Belinga, quant à lui, se voit reprocher «d’avoir aidé ou facilité la préparation ou la consommation du crime de torture reproché à Justin Danwe […] en mettant des moyens financiers à sa disposition pour ladite opération».
Au cours des auditions, le patron du groupe l’Anecdote a réfuté l’ensemble des accusations portées contre lui. Par ailleurs, Justin Danwe, qui avait dans un premier temps affirmé avoir reçu 2 millions de F de la part de Jean Pierre Amougou Belinga pour «financer l’opération», s’est finalement rétracté. Si l’on en croit le procès-verbal de l’ordonnance de mise en liberté, il aurait par ailleurs «disculpé» Jean Pierre Amougou Belinga de «l’arrestation, [de] la séquestration et [de] la torture de Martinez Zogo».
Justin Danwe est pour sa part le chef présumé du commando qui a tué Martinez Zogo et le principal accusateur de Jean Pierre Amougou Belinga et Léopold Maxime Eko Eko. Il ne paraît pas concerné par l’ordonnance de remise en liberté provisoire qui s’est finalement révélée «pas authentique». Affaire à suivre.