Le fils de l’ex-président Abdoulaye Wade ne s’est toujours pas exprimé, mais le dépôt, le 27 novembre, de la caution de Karim Wade pour être candidat à la présidentielle, prévue en février 2024, par les cadres de son parti avait des allures de caravane de campagne avant l’heure. En accomplissant cette première formalité, le Parti démocratique sénégalais (PDS) a brièvement attiré la lumière sur lui dans une actualité politique dominée par la rivalité entre la coalition au pouvoir et le Pastef, le parti d’Ousmane Sonko, dissous le 31 juillet par l’État, trois jours après l’arrestation du principal opposant sénégalais.
Karim Wade, 55 ans, fils et ancien ministre de l’ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012), a fait déposer la caution de 30 millions de F à la Caisse des dépôts et consignations (CDC), selon Nafissatou Diallo, responsable de la communication du PDS. Cette formation politique a désigné Karim Wade comme son candidat à la présidentielle du 25 février 2024, désignation qu’il a acceptée de longue date. Mais les interrogations subsistent sur les implications légales d’une condamnation ancienne de Karim Wade, sur sa faculté à rentrer au pays et à obtenir du fisc le quitus indispensable à sa candidature.
Karim Wade a été condamné en 2015 à six ans de prison ferme pour enrichissement illicite. Détenu pendant plus de trois ans, il été gracié en 2016 par le président Macky Sall, et vit depuis en exil au Qatar. Sa condamnation l’a empêché d’être candidat à la présidentielle de 2019, remportée par Macky Sall. L’Assemblée nationale a voté en août une loi rendant leur éligibilité à Karim Wade ainsi qu’à une autre figure de l’opposition, l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, à la suite d’un dialogue politique initié par le président sénégalais et boycotté par une partie de l’opposition. Khalifa Sall avait été reconnu coupable en 2018 d’ «escroquerie aux deniers publics», de «faux et usage de faux dans des documents administratifs» et de «complicité en faux en écriture de commerce» et condamné à cinq ans de prison. Emprisonné en 2017, il a recouvré la liberté en 2019 après avoir lui aussi bénéficié d’une grâce présidentielle.