Les 22 et 23 juin 2023, le président de la République française, Emmanuel Macron, a réuni à Paris les représentants d’une centaine de pays dont une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement, les représentants des organisations et institutions financières internationales, les acteurs de la société civile et du monde académique, ainsi que des entreprises et investisseurs privés, lors du sommet pour un nouveau pacte financier mondial. Placé sous le thème «Renforcement des financements à destination des pays moins avancés et des pays plus vulnérables au changement», ce sommet visait à poser les bases d’un système financier international renouvelé, créant les conditions d’un choc de financement pour qu’aucun pays n’ait à choisir entre la réduction de la pauvreté, la lutte contre le dérèglement climatique et la préservation de la biodiversité.
Les dirigeants et chefs d’État ont décidé d’accélérer sur la question de la dette, qui touche de nombreux pays du Sud. L’objectif de mobilisation de 100 milliards de dollars via la réallocation de droits de tirage spéciaux (DTS) a également été atteint, au profit des populations les plus vulnérables. Alors que la création de la taxe internationale du secteur maritime était au cœur du sommet, les dirigeants et chefs d’État n’ont rien arrêté de concret. L’adoption d’une éventuelle taxe sera débattue en juillet par les acteurs du secteur, qui se réunissent au sein de l’Organisation maritime mondiale.
Pour trouver des annonces concrètes issues de ces deux jours de discussions, il faut regarder vers le Sénégal et la Zambie. Le Sénégal a noué un «partenariat pour une transition énergétique équitable» avec un groupe de pays du Nord, dont la France, et des banques multilatérales de développement, en vue d’atteindre son objectif de 40% d’énergies renouvelables à l’horizon 2030. Ces partenariats sont nés en novembre 2021 à la COP26, à Glasgow, et ont depuis permis à des pays tels que l’Afrique du Sud ou encore l’Indonésie d’avancer vers l’abandon du charbon, l’énergie fossile la plus émettrice de gaz à effet de serre. Alors que plusieurs pays font face à l’aggravation de leur endettement face aux multiples crises, les pays créanciers de la Zambie, notamment la Chine, ont accepté de restructurer 6,3 milliards de dollars de dette, plus de deux ans après le défaut de paiement du pays. «Nous avons maintenant une méthode», s’est félicitée la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva. «J’ai hâte de codifier le cas de la Zambie et de l’utiliser ensuite comme un modèle pour d’autres». Selon elle, plusieurs leçons peuvent être tirées de ce cas d’école.
La question de la réforme des missions des institutions financières internationales héritées des accords de Bretton Woods il y a près de 80 ans, était également au cœur du sommet de Paris qui visait à mobiliser davantage de ressources et à mieux les utiliser afin de créer le choc de financement nécessaire pour permettre à toutes les économies d’investir dans une transition juste, au service des populations et de la planète. À l’ouverture du sommet, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a estimé que l’architecture financière internationale «a failli à sa mission de fournir un filet de sécurité global aux pays en développement». Selon lui, ces institutions, notamment la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ne sont «plus à même de répondre au besoin du XXIème siècle». Il a pris l’exemple des droits de tirage spéciaux alloués par le FMI en 2021. Les pays de l’Union européenne ont reçu 160 milliards, contre 34 pour les pays africains. Autrement dit «un citoyen européen a perçu en moyenne 13 fois plus qu’un citoyen africain». Lors de la clôture, le président français a laissé transparaître une lueur d’espoir.
Le président Emmanuel Macron a évoqué un «consensus complet» pour «réformer en profondeur» le système financier mondial, afin de le rendre «plus efficace, plus équitable et plus adapté au monde d’aujourd’hui», en clôture du sommet pour un nouveau pacte financier de Paris. L’événement a réuni pendant deux jours une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement. «Il faut commencer le travail dès maintenant», a-t-il ajouté en annonçant une «réunion de suivi» à Paris dans deux ans pour mieux s’armer financièrement dans la lutte contre la pauvreté et le réchauffement climatique.