Il faudra donc attendre le 28 mai pour connaître le résultat de l’élection présidentielle en Turquie. Le 15 mai à 7 heures, heure locale, alors que plus de 98% des votes avaient été dépouillés, aucun des trois candidats en lice n’était parvenu à obtenir la majorité absolue des suffrages nécessaire pour l’emporter en un seul tour. Des résultats partiels créditaient le président sortant, Recep Tayyip Erdogan, de 49,4% des suffrages exprimés, en tête devant son principal rival, Kemal Kiliçadroglu, crédité quant à lui de 45%. Le second tour prendra la forme d’un duel entre les deux hommes. Principal enjeu : récupérer les voix du troisième homme de ce scrutin, l’ultranationaliste Sinan Ogan, qui a obtenu le score non négligeable de 5,2 % des suffrages.
Avec 49,4% au premier tour, il ne manque pas grand-chose à Recep Tayyip Erdogan pour s’imposer le 28 mai, d’autant qu’il devrait aussi jouer, dans cette dernière ligne droite, du lien affectif qui le lie à ses électeurs en présentant ce futur mandat comme son dernier mandat. En plus d’être derrière, avec 45%, l’opposition, elle, part avec un autre handicap : elle n’a pas réussi à emporter la majorité absolue au Parlement. Kemal Kiliçdaroglu va donc devoir convaincre les électeurs que sa victoire, qui serait synonyme de cohabitation, ne plongerait pas la Turquie dans une période de crise et d’instabilité politique. La campagne de l’entre-deux-tours s’annonce donc intense et particulièrement tendue.
En 2018, lors de la dernière présidentielle, le chef de l’État l’avait emporté au premier tour avec plus de 52,5% des voix. Ce ballottage constitue donc déjà un revers pour M. Erdogan, qui a su développer son pays et le tirer vers la prospérité avant une dérive autocratique. L’impact de la crise économique et du séisme dévastateur du 6 février, qui a fait au moins 50 000 morts, n’a pas eu les effets envisagés par les analystes. La réponse du gouvernement, jugée tardive, avait pourtant suscité la colère de nombreux rescapés. Mais ce sentiment ne s’est pas traduit dans les urnes, les provinces fortement touchées ayant massivement reconduit leur confiance au président, qui a promis de reconstruire au plus vite 650 000 logements dans les zones affectées.