Jean-Pierre Amougou Belinga, patron du groupe l’Anecdote, a quitté le tribunal militaire de Yaoundé avec un mandat de dépôt aux premières heures du 4 mars pour la prison principale de Yaoundé. L’homme d’affaires suspecté d’être le commanditaire de l’enlèvement et de l’assassinat de Martinez Zogo répondra finalement du chef d’accusation de «complicité et de torture avec aide». Tous ses collaborateurs interpellés et en garde-à-vue avec lui depuis 26 jours dans les cellules du secrétariat d’État à la Défense (SED) ont été relaxés, et le dossier classé donc, à l’exception notable de Bruno Bidjang, le journaliste directeur général du groupe l’Anecdote qui comparaîtra, lui, libre.
Du côté de la direction générale de la Recherche extérieure (DGRE), le patron Maxime Léopold Eko Eko a été placé en détention, ainsi que le lieutenant-colonel Justin Danwé et plusieurs personnes soupçonnées d’avoir fait partie du commando qui aurait participé à l’assassinat de Martinez Zogo. Ils sont poursuivis pour «filature», «enlèvement» et «torture».
Après plusieurs semaines d’enquête préliminaire, de multiples interpellations et des auditions, personne n’a été formellement inculpé pour assassinat. La justice semble donc partie pour juger les complices, mais pas le ou les commanditaires alors que les enquête sont quasi bouclées et que le procès devrait s’ouvrir dans six mois. Y aura-t-il requalification des faits ? Provisoire, la durée de détention des personnes inculpées est de 6 mois renouvelable.
Et quid de certains membres du gouvernement qui, selon de nombreuses sources dont Reporters sans frontières, ont été cités pendant la phase d’audition des suspects au SED comme donneurs d’ordre avec cette phrase lourde : «il faut finir le travail» ? Ces ministres abondamment cités dans les médias n’ont en définitive jamais été convoqués par les enquêteurs. Ils n’ont d’ailleurs jamais commenté l’affaire en public ou démenti les allégations portées à leur encontre. Dans ces conditions, beaucoup se demandent si la reconstitution des faits tant attendue pourra avoir lieu, d’autant que la scène du crime reste elle aussi un mystère.