Point culminant des journées de deuil et de prière qui ont suivi la mort de Benoît XVI le 31 décembre dernier, les funérailles du Pape émérite ont été célébrées jeudi 5 janvier, en étant présidées par François. Devant des dizaines de milliers de fidèles rassemblés Place Saint-Pierre, le Saint-Père a prononcé une homélie centrée sur la personne du Christ et la figure du pasteur, faisant de manière implicite le portrait de son prédécesseur.
À 8h50 à la Place Saint-Pierre, sous les applaudissements continus des fidèles, a eu lieu l’arrivée du cercueil de Benoît XVI, déposé sur le parvis de la basilique vaticane, sur une petite estrade beige face à l’autel. Un moment à la fois solennel et empreint d’émotion, au cours duquel Mgr Georg Gänswein, préfet de la Maison pontificale et secrétaire particulier du cardinal Joseph Ratzinger puis du Pape Benoît XVI, accompagné de Mgr Diego Ravelli, maître des célébrations liturgiques pontificales, ont ouvert le livre des Évangiles, avant de le poser sur le cercueil.
La veille au soir, la dépouille du Pape émérite, devant laquelle étaient venues se recueillir plus de 200 000 personnes en trois jours, avait été placée dans un cercueil en bois de cyprès orné des armoiries de Benoît XVI, par la suite scellé. Au cours de cette cérémonie privée, à l’intérieur du cercueil ont été déposés le Rogito, acte notarié relatant en latin la vie du 265e Successeur de Pierre lu auparavant par Mgr Diego Ravelli, les pièces de monnaie et les médailles frappées sous le pontificat de Benoît XVI (2005-2013), ainsi que son pallium. Dans une atmosphère de prière et de recueillement, la cérémonie a ensuite débuté par la récitation du chapelet.
Présence d’Officiels religieux et politiques
Après ce temps de prière mariale, à 9h23 précisément, a débuté la messe, présidée par le Pape François et célébrée par le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Collège cardinalice. Environ 50 000 fidèles étaient présents, selon les chiffres communiqués par la Gendarmerie vaticane. Toujours à l’autel se tenaient 125 cardinaux revêtus de leur chasuble rouge venus à titre personnel et non comme Sacré Collège, s’agissant des obsèques d’un Pape émérite, ainsi que 400 évêques, tandis que depuis les rangs de l’assemblée, environ quatre mille prêtres ont concélébré. L’Église d’Allemagne, terre native de Benoît XVI, était bien sûr très représentée, avec 17 évêques présents ainsi que les cardinaux Marx (archevêque de Munich) et Woelki (archevêque de Cologne). Côté français, le cardinal Aveline archevêque de Marseille, ou encore, entre autres, le vice-président de la conférence des évêques Mgr Jordy.
Cette cérémonie historique a également rassemblé de nombreuses personnalités. Deux délégations officielles avaient été invitées : d’Italie, conduite par le président Sergio Mattarella, et d’Allemagne emmenée par Frank-Walter Steinmeier le président de la République fédérale d’Allemagne. Le roi Philippe de Belgique et son épouse Mathilde, Sophie de Grèce, épouse du roi émérite d’Espagne Juan-Carlos Ier, les présidents polonais, portugais, slovène, hongrois ou encore togolais étaient également présents. La France avait quant à elle envoyé le ministre de l’Intérieur et des cultes, Gérald Darmanin.
Dans son homélie, François est parti des dernières paroles du Christ sur la croix, issues de l’Évangile qu’il avait retenu pour cette messe d’obsèques (Lc 23, 39-46) : «Père, entre tes mains je remets mon esprit», des mots qui témoignent de la «permanente remise de soi» du Seigneur «entre les mains du Père».
«Le Seigneur, ouvert aux histoires qu’il rencontrait sur son chemin, s’est laissé ciseler par la volonté de Dieu en prenant sur ses épaules toutes les conséquences et les difficultés de l’Évangile, jusqu’à voir ses mains meurtries par amour», a décrit le Saint-Père. Il s’est sans cesse livré «aussi aux mains de ses frères».
Ainsi, sans le nommer expressément, dès le début de son homélie et au fil des paragraphes, le Pape a dépeint Benoît XVI comme un reflet du Christ, qu’il a aimé et montré tout au long de son existence. Mais aussi comme un pasteur dont le cœur s’est laissé modelé par le Père, «jusqu’à ce que palpitent en lui les mêmes sentiments que ceux du Christ Jésus. À la fin de la célébration eucharistique, le ciel était alors plus dégagé le Pape a prononcé l’Ultima Commendatio et le Valedictio, prières de dernier adieu de la liturgie des funérailles. Le cercueil de Benoît XVI a ensuite été transporté par les gentilhommes de Sa Sainteté jusqu’en la basilique Saint-Pierre, sous des applaudissements nourris, et après avoir reçu une dernière bénédiction du Pape François. La procession était aussi composée de l’entourage proche du Pape Ratzinger, qui l’avait accompagné jusqu’au dernier jour au monastère Mater Ecclesiae, où il résidait au Vatican depuis sa renonciation en 2013.