Voici huit années que la mesure d’interdiction de la production et la commercialisation du whisky en sachet peine à entrer en vigueur. Le gouvernement avait accordé aux producteurs deux moratoires successifs, d’abord sur les années 2014 et 2016, puis sur les années 2016 à 2022, deux moratoires pour leur permettre d’écouler les stocks déjà produits et amortir leurs investissements. Mais, ces moratoires ont créé un tel vide juridique que, tous les contrôles de conformité sur ces boissons avaient été suspendus par l’Agence des normes et de la qualité (Anor) en attendant la migration vers les bouteilles à l’échéance indiquée.
À quelques jours de l’échéance du 31 décembre 2022, arrêtée pour le retrait définitif de ces produits du circuit du marché, le gouvernement a accordé un nouveau sursis de quatre ans. Parmi les motifs de cette rallonge, la survenance d’événements ayant sérieusement hypothéqué le passage à un nouveau conditionnement, notamment les bouteilles. La pandémie de COVID-19 et l’invasion russe en Ukraine sont de ceux-là.
« Ces deux événements ont provoqué une baisse d’activités chez les producteurs du whisky en sachet et ils n’ont par conséquent pas eu assez de ressources pour investir. Car, migrer vers un nouveau conditionnement demande l’achat de nouvelles machines. Ils ont sur cette base, poser le problème au gouvernement pour réclamer un nouveau délai et les pouvoirs publics leur ont accordé quatre ans de plus », a confié Prince Mpondo, président de la Coalition des consommateurs du Cameroun (CCC). Cette organisation travaille depuis le début des années 2010 sur le sujet avec le gouvernement.
Officiellement, la vente du whisky en sachet est interdite au Cameroun pour des raisons de santé publique. Car, en plus de leur forte teneur en alcool, la plupart des marques contiendraient du méthanol, une substance très nocive pour l’homme. Généralement consommé par des jeunes et des personnes aux revenus moyens, à des prix variant entre 100 F et 150 F, le whisky en sachet résiste décidément à l’usure du temps.