Dans un arrêté daté du 8 août 2022, le gouvernement guinéen annonce la dissolution du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), une coalition de partis, syndicats et organisations de la société civile. Un mouvement qui s’est farouchement opposé au troisième mandat d’Alpha Condé et qui continue à s’opposer aux militaires qui ont pris le pouvoir en septembre 2021. Le gouvernement de transition accuse le mouvement d’organiser des manifestations armées sur la voie publique et lui reproche d’agir comme un groupe de combat ou une milice privée.
« Leur mode opératoire se structure par des actions violentes au cours de manifestations interdites, des attaques contre des individus qui ne partagent pas leur idéologie, et des actions ciblées contre les forces de l’ordre », a écrit le gouvernement. « Des actions qui mettent en péril l’unité nationale », a affirmé le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, ajoutant que le FNDC ne figure pas parmi les organisations non gouvernementales agréées en Guinée.
Cette annonce de dissolution intervient alors que le mouvement citoyen, créé en avril 2019, projette de nouvelles manifestations dans le pays le 17 août 2022 pour dénoncer le manque de réponse à ses demandes d’un « dialogue crédible » sur la transition vers un pouvoir civil. Pour le moment, le FNDC a décidé de ne pas réagir à cette décision.
Le FNDC a annoncé qu’il « organisera une manifestation citoyenne et pacifique le dimanche 14 août 2022 à Bruxelles (Belgique) et le mercredi 17 août 2022 sur toute l’étendue du territoire national de Guinée, conformément aux articles 20 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, 21 du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques, 11 de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, 34 et 8 alinéa 2 de la Charte de la transition guinéenne ». Ce Front est à l’initiative des manifestations des 28 et 29 juillet 2022 pour dénoncer la « gestion unilatérale de la transition » par la junte, interdites par les autorités, et qui ont coûté la vie à cinq personnes.
Suite à ces manifestations, le ministre de la Justice Alphonse Charles Wright a menacé de dissoudre le FNDC pour défaut d’« existence juridique ». Le 1er août, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a sommé « les autorités guinéennes, la classe politique et la société civile à engager un dialogue inclusif afin de désamorcer la tension et de convenir d’un calendrier et de modalités raisonnables pour le rétablissement pacifique de l’ordre constitutionnel ».