Le président haïtien Jovenel Moïse a été assassiné tôt le 7 juillet par un commando, a annoncé le Premier ministre par intérim, Claude Joseph. L’attaque serait survenue au domicile du chef d’Etat à Pétion-Ville, en périphérie de Port-au-Prince. « Vers une heure du matin, dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 juillet 2021, un groupe d’individus non identifiés, dont certains parlaient en espagnol, ont attaqué la résidence privée du président de la République et ainsi blessé mortellement le chef de l’Etat », a annoncé le chef du gouvernement par voie de communiqué. L’épouse du Président a été blessée dans l’attaque et hospitalisée, précise Claude Joseph. Il a appelé « la population au calme » et indiqué que la police et l’armée allaient assurer le maintien de l’ordre.
Pas de quoi rassurer la République dominicaine, qui partage l’île d’Hispaniola avec Haïti. Le voisin dominicain a ordonné ce mercredi midi la « fermeture immédiate » de sa frontière avec Haïti. « Nous avons donné l’ordre de fermer immédiatement » la frontière qui sépare Haïti de la République dominicaine, sur l’île d’Hispaniola, a annoncé la porte-parole du ministère de la Défense, Ceinett Sanchez. D’autres réactions internationales n’ont pas tardé à arriver. La Maison Blanche, notamment, qualifie de « terrible » et de « tragique » l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïs. « Nous sommes prêts à assister sous n’importe quelle forme la population d’Haïti, le gouvernement d’Haïti, s’il y a une enquête », a ajouté Jen Psaki, la porte-parole de l’exécutif américain.
Jovenel Moïse, 53 ans, était le président d’Haïti depuis janvier 2017 et la confirmation de son élection après un long et tumultueux processus électoral. Il avait été élu au premier tour avec 55,6 % des suffrages, succédant à Jocelerme Privert, président provisoire choisi en février 2016 par le Parlement après le départ sans successeur élu de Michel Martelly. Haïti, pays des Caraïbes et nation la plus pauvre du continent américain, est gangrené par l’insécurité et notamment les enlèvements contre rançon menés par des gangs jouissant d’une quasi-impunité. Le président Jovenel Moïse, accusé d’inaction face à la crise, était confronté à une vive défiance d’une bonne partie de la population civile.
Dans ce contexte faisant redouter un basculement vers l’anarchie généralisée, le Conseil de sécurité de l’ONU, les Etats-Unis et l’Europe avaient à nouveau appelé, jeudi dernier, à « la tenue urgente d’élections présidentielle et législatives libres en 2021 » en Haïti, exprimant « leur profonde préoccupation face à la dégradation des conditions politiques, de sécurité et humanitaires ». Jovenel Moïse avait annoncé lundi la nomination d’un nouveau Premier ministre, Ariel Henry, un médecin chirurgien de 71 ans, avec justement pour mission la tenue d’élections.