« Mes compatriotes, je vous appelle à ne pas aller voter. Restez chez vous. Laissez Touadéra seul aller déposer son bulletin dans les urnes », a déclaré, François Bozizé, 74 ans, dans un message audio diffusé sur internet et authentifié par son parti. « Je soutiens la CPC », a-t-il ajouté en référence à la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). L’ancien président de la République centrafricaine (RCA) est accusé de coup d’Etat par le pouvoir en place à Bangui suite à la fusion des trois principaux groupes armés du pays : le Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC), actif dans le Nord, les 3R (Retour, réclamation, réhabilitation), un groupe majoritairement composé de Peul, présent dans l’Ouest, et des milices anti-balaka, réputées favorables à François Bozizé, pour créer la CPC.
Cette coalition regroupe les plus puissants des groupes armés qui occupent depuis plusieurs années deux tiers de la RCA, pays en guerre civile depuis 2013. « La CPC occupe aujourd’hui une importante partie du territoire. Aujourd’hui, ce mouvement patriotique enregistre le ralliement d’un nombre considérable des forces de l’ordre en son sein », a assuré François Bozizé dans son message. Sa candidature à l’élection présidentielle du 27 décembre a été invalidée par la Cour constitutionnelle au motif qu’il faisait l’objet de poursuites notamment pour « assassinats », « tortures » et de sanctions de l’ONU. Après le rejet des appels au report du scrutin introduits l’opposition auprès de la Cour constitutionnelle, la sécurité autour du premier tour des élections législatives et présidentielle a été assurés par les soldats de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), appuyés par ceux venus du Rwanda et de la Russie. Les résultats sont attendus dans les prochains jours.
Le message de l’ancien président de la RCA, François Bozizé, conforte le G5+ dans sa position. La plateforme réunissant la France, la Russie, les Etats-Unis, l’Union européenne, l’Union africaine, la CEEAC, l’ONU, la Banque mondiale, et des partenaires internationaux de la Centrafrique, avait dans un communiqué conjoint, du 20 décembre, appelé François Bozizé et les groupes armés engagés dans l’offensive en RCA à « déposer les armes ». C’était alors la première évocation explicite de la responsabilité de François Bozizé, ainsi que des « groupes armés alliés » dont les noms n’ont pas été cités par les partenaires de la Centrafrique dans le cadre de l’offensive menée dans le but d’empêcher la tenue des élections. Condamnant « leurs agissements », les membres du G5+ les ont appelés à déposer « immédiatement les armes », en évoquant des « manœuvres » destinées à « engager le pays vers une nouvelle transition politique ». Des manigances confirmées par le candidat recalé à la présidentielle, par la Cour constitutionnelle le 3 décembre.