« Nous avons fait face à des réticences de la part de la direction politique du ministère de la Défense et du Bureau de la gestion et du budget », a déclaré Joe Biden, le président élu des Etats-Unis, qui prendra ses fonctions le 20 janvier. « Mon équipe a besoin d’une image claire de nos forces dans le monde et de nos opérations pour dissuader nos ennemis. Nous avons besoin d’une visibilité totale sur la planification budgétaire en cours, notamment au ministère de la Défense », a-t-il poursuivi. « Ce n’est, à mon avis, rien moins que de l’irresponsabilité », a-t-il conclu, le 28 décembre, lors d’un discours depuis son fief de Wilmington, dans le Delaware. En somme, selon le président élu des Etats-Unis, l’administration sortante ne fournit pas les renseignements nécessaires à l’équipe chargée de la transition en ce qui concerne la sécurité nationale.
Depuis sa défaite du 3 novembre et surtout son extraordinaire croisade pour la contester en brandissant des théories du complot, Donald Trump est chaque jour plus seul, moins influent, moins respecté. Dans les cercles du pouvoir, sa parole ne porterait plus. Pour le 45e président des Etats-Unis, auteur de nombreux « accords du siècle », la semaine de la nativité fut une véritable humiliation. Après avoir menacé, le 22 décembre, de ne pas signer un texte pourtant négocié avec l’aval de son gouvernement, il a finalement apposé son paraphe au plan d’aide économique de 900 milliards de dollars, le 27 décembre au soir, à l’abri des caméras. Essayant tant bien que mal de sauver la face après cette spectaculaire volte-face, il a publié un communiqué alambiqué laissant croire que le bras de fer avait payé. Mais personne n’est dupe: le locataire de la Maison-Blanche n’a rien obtenu. Il a cédé.
Républicains et Démocrates unis en nombre contre lui : après un premier vote camouflet, le 28 décembre, Donald Trump voit se rapprocher la menace que le Congrès outrepasse définitivement son veto au budget de la défense, ce qui marquerait une humiliation inédite pour le président sortant. Plus des deux tiers des parlementaires présents à la chambre des représentants ont voté en faveur de ce budget de 740,5 milliards de dollars, « en dépit des objections du président », dont plus d’une centaine de Républicains. Une claque pour celui qui se targue d’ordinaire d’un fort soutien dans son camp. Et un mauvais présage pour le milliardaire avant le vote final au Sénat attendu cette semaine. Si la chambre haute, à majorité républicaine, rejette à son tour ses objections, ce sera la première fois que le Congrès contourne un veto du 45e président des Etats-Unis.
« Nous comprenons, Monsieur le président, que vous êtes en colère d’avoir perdu. Mais continuer sur cette voie est ruineux. Nous vous proposons ceci comme un journal qui vous a approuvé, qui vous a soutenu : si vous voulez consolider votre influence, même préparer le terrain pour un futur retour, vous devez canaliser votre fureur vers quelque chose de plus productif », a exhorté le New York Post, l’un des rares journaux qui a grâce aux yeux de Donald Trump, le 27 décembre, l’appelant à mettre fin à cette « triste comédie » et à reconnaître formellement la victoire de Joe Biden.