Il était 13h52 lorsque la coalition pro-Gbagbo Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS) a déposé à la Commission électorale indépendante (CEI) le dossier de candidature de l’ex-président Laurent Gbagbo, toujours en liberté conditionnelle en Belgique, à la présidentielle du 31 octobre 2020. Kouame Adjoumani Pierre, le secrétaire permanent de la CEI, a délivré un récépissé de dépôt à Georges-Armand Ouégnin, le président de la plateforme EDS qui était accompagné d’une foule de militants et sympathisants scandant le nom de leur champion. « Nous venons de déposer le dossier de candidature de notre référent politique, le président Laurent Gbagbo, le père de la démocratie en Côte d’Ivoire que nous avons sollicité pour être notre candidat à la présidentielle », a affirmé Georges-Armand Ouégnin.
Quelques heures plus tard, sous une ambiance carnavalesque, le dossier de candidature de Guillaume Soro était déposé par Naminata Koné, la coordonnatrice de la délégation de Générations et peuples solidaires (GPS). « Nous avons été honorés de déposer le dossier de candidature du président de Générations et peuples solidaires, l’ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Kigbafori Soro, ce jour, à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Faut-il rappeler qu’il était le premier candidat déclaré ? C’est ce qui lui a valu la déferlante attaque injustifiée que les communautés nationales et internationales ont constaté », a confié Naminata Koné au sortir de la CEI.
Au-delà de l’effervescence autour du dépôt de ces dossiers de candidature, rien de prometteur. Le 18 août, la CEI a rendu sa décision dans le contentieux des listes électorales. Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, exclus des listes, avaient vu les premières demandes de recours à leur sujet rejetées. Une radiation confirmée par un tribunal d’Abidjan quatre jours plus tôt pour Laurent Gbagbo. Le 28 juillet, c’est Guillaume Soro qui a reçu une fin de non-recevoir définitive à Korhogo. Ils sont tous les deux frappés d’une condamnation à 20 ans de prison dans différentes affaires. La promesse d’ « aller jusqu’au bout », faite par leurs conseils, va bientôt se heurter à un obstacle infranchissable : au-delà de la radiation des listes électorales qui devrait d’office les éliminer, leurs dossiers ont des pièces manquantes. Pour Laurent Gbagbo, si les parrainages requis ont bien été réunis, quatre pièces sont manquantes au dossier, notamment le casier judiciaire, que la coalition EDS affirme ne toujours pas avoir reçu. Le GPS quant à lui, dénonce depuis plusieurs jours le refus de l’administration fiscale de lui délivrer l’un des documents nécessaires à l’enregistrement du dossier de Guillaume Soro.
Vers un autre combat
En exil en Europe, les partisans de Guillaume Soro et Laurent Gbagbo ne se font plus d’illusions à quelques semaines du scrutin qui s’annonce tout de même sous haute tension. « L’acte que nous avons posé ce jour traduit notre volonté de nous insurger avec force contre l’exclusion par peur de notre candidat des compétitions électorales à venir. Le Conseil constitutionnel aura la lourde responsabilité devant le peuple ivoirien de se prononcer sur la validité et la conformité de cette décision de radiation au regard de la Constitution de notre pays », a fait valoir Georges Armand Ouégnin, après le dépôt de la candidature de Laurent Gbagbo, en saluant au passage la rigueur de la CEI. M. Ouégnin, pour conclure, a réclamé « la libération de tous les prisonniers politiques » et le « retour des exilés politiques avec à leur tête Laurent Gbagbo ».
Ces revendications devraient être le véritable combat de EDS et GPS, et plus largement de l’opposition en Côte d’Ivoire. La défense de ces causes pourrait bien constituer un argument de campagne et de regroupement pour les candidats de l’opposition contre le président sortant Alassane Ouattara.