Les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) sont représentés au plus haut niveau, à l’exception de Vladimir Poutine, à Johannesburg pour la quinzième fois. Depuis 2009, date du premier rendez-vous du groupe, les enjeux économiques et géopolitiques d’une telle alliance ont beaucoup évolué pour chacun des pays. Du 22 au 24 août 2023, les assises de Johannesburg se déroulent en présence de représentants de plus de 40 pays. Certains pays ont exprimé leur volonté de participer au sommet qui pourrait ainsi devenir le plus représentatif de toute l’histoire de l’organisation.
En 2023, le bloc des BRICS contribue à 31,5 % du Produit intérieur brut (PIB) mondial dépassant pour la première fois le G7 qui représente 30,7 % du PIB mondial. La tendance devrait continuer à s’accentuer dans les prochaines années. La croissance des BRICS est notamment portée par l’émergence économique de la Chine et de l’Inde. Les BRICS sont à l’origine de plus de 50 % de la croissance économique mondiale au cours des dix dernières années.
Au-delà de la coopération économique, les pays du BRICS s’orientent également vers une nouvelle étape de collaboration avec un projet spatial ambitieux. Ces nations mettent en avant leur intérêt pour l’espace. À l’origine, l’Agence spatiale russe Roscosmos a proposé une collaboration sur le programme «Voie lactée». Les pays des BRICS vont participer à la construction d’un module commun pour une future station spatiale. La Chine dispose de sa propre station spatiale et l’Inde s’apprête à devenir le 4e pays au monde à réaliser un alunissage.
Placé sous le thème : «Brics et Afrique : partenariat pour une croissance mutuellement accélérée, un développement durable et un multilatéralisme inclusif», le sommet de Johannesburg dont l’accès a été refusé à la France pourrait marquer un tournant décisif. En effet, les pays du BRICS se détournent progressivement mais sûrement de ce qu’ils estiment être «l’emprise occidentale». À travers l’ouverture des pays du BRICS à l’intégration dans l’alliance de nouveaux pays, l’on s’achemine lentement mais surement vers un nouvel ordre mondial.
Le 12 novembre 2019, à la cérémonie d’ouverture du deuxième Forum de Paris sur la Paix, le président de la République du Cameroun, Paul Biya, a posé un diagnostic froid du contexte mondial. Il a relevé que : «la montée en puissance du populisme et de l’unilatéralisme, couplée à un pessimisme grandissant relativement à la capacité des Nations unies d’apporter des réponses adéquates aux problèmes des populations et aux crises aigues qui menacent la planète, font douter de la pertinence de cette organisation dans un monde en proie à de nombreux bouleversements».
Pour construire une architecture des rapports internationaux plus juste et plus efficace et d’autre part renforcer le dialogue et la coopération Nord-Sud, le président Paul Biya a soutenu qu’au niveau de la gouvernance politique internationale, il est impératif de poursuivre la réforme du conseil de sécurité des Nations unies en l’élargissant à 26 membres, dont deux sièges permanents avec droit de véto ; une réforme qui devrait également s’appliquer dans les institutions financières internationales (Fonds monétaire international, Banque Mondiale). Des appels auxquels l’Occident reste sourd.
Est-ce la raison pour laquelle le Cameroun a répondu présent au quinzième sommet des pays du BRICS ? Notons toutefois que le pays de Paul Biya ne figure pas sur la liste des candidats déclarés pour rejoindre cette organisation.