Le dernier rapport de Reporters sans frontières (RSF) sur l’affaire Martinez Zogo, journaliste dont le corps mutilé a été retrouvé le 22 janvier près de Yaoundé, est consultable sur le site internet de l’ONG depuis le 3 août. Il indique, formel, que le corps déposé à la morgue, et dont l’identité est régulièrement mise en doute dans la presse par les soutiens de l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, est bien celui de Martinez Zogo. Une certitude acquise après les tests ADN effectués avec des prélèvements sur la sœur et le fils du journaliste.
Seulement, et malgré ce fait établi, RSF évoque la possibilité de la disparition de certains éléments de l’instruction, ce qui laisse planer un doute sur la volonté réelle des autorités à établir la vérité sur les circonstances de cette affaire. RSF informe qu’une deuxième autopsie réalisée sur la dépouille aurait révélé la présence d’acide, notamment sur le visage.
La mort de Martinez Zogo après d’innombrables supplices, ce soir du 17 janvier 2023, aurait été accidentelle plutôt qu’intentionnelle. Le but de l’opération consistait à un passage à tabac qui serait allé trop loin et aurait dégénéré. Quant au rôle qu’aurait joué Jean-Pierre Amougou Belinga dans le funeste sort de l’ancien directeur de la radio Amplitude FM, RSF indique qu’une vidéo des tortures perpétrées sur l’ancien présentateur de l’émission «Embouteillages» lui a été transmise.
Une fois le forfait commis, des atermoiements et hésitations ont duré deux jours sur la question de ce qu’il devait advenir de la dépouille. Finalement, le corps a été emballé et transporté de nuit sur un terrain vague, d’abord à l’abri des regards, à la périphérie de Yaoundé. C’est là que serait intervenu un deuxième commando, des agents des services secrets camerounais, comme les premiers à l’œuvre.
La mission de ce deuxième commando était de mettre fin à cette entreprise de dissimulation. C’est ainsi qu’au matin du 22 janvier, le corps sans vie et gravement mutilé de Martinez Zogo sera découvert. Des révélations et d’autres qui lèvent quelques zones d’ombres mais ne permettent toujours pas de faire toute la lumière sur cette affaire, plus de six mois après les inculpations des principaux suspects.