Six jours après le coup d’État au Niger et au vu de la brutale détérioration des relations entre Paris et Niamey, les ressortissants sur place ont reçu le 1er août 2023 un SMS de l’ambassade de France, les informant qu’une opération d’évacuation par voie aérienne était imminente. En fin de matinée, un premier avion français, d’une capacité de 200 passagers, était d’ores et déjà en route vers Niamey, selon le Quai d’Orsay. Le Quai d’Orsay a précisé un peu avant que cette opération concernerait les 850 résidents permanents français sur place, les touristes de même nationalité et ceux des Européens qui souhaiteraient quitter le pays.
Alors que Paris affirmait la veille que cette évacuation n’était pas à l’ordre du jour, la dégradation de la situation sécuritaire, l’impossibilité de quitter le pays par des vols civils et la tournure très anti-française du discours de la junte l’ont obligé à changer ses plans. L’évacuation, sur la base du volontariat, impose une sécurisation des convois de civils depuis les points de rassemblement dans le pays, de l’aéroport de Niamey, dont une partie serait sous contrôle français ce 1er août, ainsi que des vols. L’armée française utilisera des avions de transport de personnels, semblables à des aéronefs de ligne, mais pas d’avions de transport de troupe de type A400M.
Des éléments français aéroportés, ou issus de la base de 1 500 militaires dont dispose Paris dans le pays depuis des années, devront opérer en bonne intelligence avec des soldats de la junte dont Paris ne reconnaît pas la légitimité politique. Toutefois, le Quai d’Orsay a affirmé que l’évacuation ferait l’objet «d’une coordination avec les forces nigériennes».
Les États-Unis, seul autre pays à disposer d’une base militaire au Niger, forte de 1 000 hommes, n’avaient pas appelé leurs ressortissants à quitter le pays. Le ministre italien des Affaires étrangères a annoncé avoir affrété un avion spécial pour ses ressortissants. Des Français, dont certains sont installés au Niger depuis des décennies, ont fait part anonymement de leur désir, pour l’instant, de rester dans le pays au vu de l’absence d’hostilité de leurs voisins.
L’ambassade de France, défendue par cinq gendarmes, avait été caillassée le 30 juillet par plusieurs manifestants. Le président français, Emmanuel Macron, avait alors menacé de répliquer «de manière immédiate et intraitable» à toute attaque contre les ressortissants de la France et ses intérêts au Niger. Doit-on voir en l’évacuation des Français et Européens les signes précurseurs d’une éventuelle intervention armée pour contraindre les putschistes à remettre le pouvoir au président Mohamed Bazoum ?