La correspondance de Ferdinand Ngoh Ngoh indique au ministre des Marchés publics que le président de la République lui demande de « veiller à ce que les autorisations de gré à gré en matière de marchés publics, soient dorénavant soumises à sa très haute approbation préalable ». Parmi les domaines cibles : les prestations intellectuelles, à partir de 5 milliards de F ; les marchés de fournitures, à partir de 10 milliards de F ; et les marchés de travaux, à partir de 15 milliards de F. Prescrivant une application rigoureuse de ces nouveaux aménagements, le président de la République met un point d’honneur sur le respect strict des critères de recours au gré à gré, tels que définis par le décret du 30 juin 2018 portant code des marchés publics.
En matière de marchés publics, la procédure de gré à gré est une procédure d’exception. Le code en vigueur limite à quatre cas, les types de prestations pouvant faire l’objet de marché de gré à gré, à savoir : les travaux, fournitures et services exécutés à titre de recherche, d’études, d’essai, d’expérimentation ou de mise au point, et qui ne peuvent être confiés qu’à des entreprises ou prestataires dont le choix s’impose par leur spécialité, leurs connaissances ou leurs aptitudes particulières ; le remplacement, en cas d’urgence, d’entrepreneurs ou de fournisseurs défaillants ; les travaux, fournitures ou services qui, dans le cas d’urgence impérieuse motivée par des circonstances imprévisibles, ne peuvent subir les délais d’une procédure d’appel d’offres ; et les besoins ne pouvant être satisfaits que par une prestation nécessitant l’emploi d’un brevet d’invention, d’un procédé, d’un savoir-faire ou d’un organisme de gestion et de commercialisation.
Bien avant les nouveaux aménagements objet de la correspondance du 7 septembre 2021, le secrétaire général de la présidence de la République (SGPR) s’est toujours impliqué dans les passations de marchés publics à travers des correspondances « sur très hautes instructions du président de la République » adressées au Premier ministre, membres du gouvernement et directeurs généraux d’entités publiques. Avec les nouveaux aménagements, c’est à se demander si le gouvernement Joseph Dion Ngute ne sert plus à rien ? Le SGPR se serait-il lassé de la bonne vieille formule autrefois utilisée ? Ibrahim Talba Malla, le ministre des Marchés publics (Minmap), serait-il devenu un obstacle pour le SGPR ? De nombreuses sources révèlent en effet que depuis quelques mois, le Minmap brille par le blocage de marchés publics de gré à gré fantaisistes. Quoiqu’il en soit, après la création d’une Task Force pour la CAN 2021, une autre pour la gestion des fonds alloués à la lutte contre le COVID-19, le SGPR s’arroge le contrôle des marchés publics de gré à gré d’envergure.