Inculpé pour différents crimes et délits dont «appel à l’insurrection et complot contre l’État», Ousmane Sonko a été placé ce lundi 31 juillet 2023 sous mandat de dépôt. L’opposant a été entendu au tribunal de Dakar par le juge d’instruction Maham Diallo. Un magistrat qu’il connaît bien : c’est lui qui était en charge de l’enquête, en tant que doyen des juges, dans le dossier le visant pour «viols et menaces de morts» à la suite de plainte d’Adji Sarr, en février 2021.
Ousmane Sonko, 49 ans, voit ainsi s’ouvrir une troisième procédure judiciaire à son encontre, qui risque de compromettre encore davantage sa participation à l’élection présidentielle de février 2024. L’élu de Zinguinchor, actuellement en grève de la faim, a déjà été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme pour «corruption de la jeunesse» dans l’affaire qui l’opposait à la masseuse Adji Sarr. La décision de justice avait conduit à des émeutes provoquant entre 16 et 30 morts. Il avait également été condamné le 8 mai à six mois de prison avec sursis à l’issue d’un procès en appel pour diffamation, une peine largement perçue comme le rendant inéligible pour l’élection. Mais il n’a pas encore épuisé ses recours devant la Cour suprême.
Moins de deux heures après le placement en détention d’Ousmane Sonko, le ministère de l’Intérieur a annoncé la dissolution de son parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). «Le parti politique Pastef est dissous par décret», a déclaré le ministre Antoine Diome dans un communiqué. Il accuse le parti d’avoir «fréquemment appelé ses partisans à des mouvements insurrectionnels», dont les conséquences auraient été «de nombreuses pertes en vies humaines, de nombreux blessés, des actes de saccage et de pillage» en mars 2021 et juin 2023. Comme l’on pouvait s’y attendre, le Pastef conteste cette décision. «Cette décision n’obéit à aucune logique démocratique», critique Ousseynou Ly, membre de la cellule de communication du parti.