La ville aurait été le point d’origine de la pandémie. Après trois ans de coûteuses et rigides mesures anti-COVID, Wuhan, comme plusieurs villes de Chine, fait face à une crise économique paralysante. 259 entreprises et entités publiques doivent un total de 100 millions de yuan à la ville. La politique «zéro COVID» imposée par Xi Jinping a un prix.
Wuhan est prise à la gorge après trois ans de confinements, de centres de mise en quarantaine, de patrouilles spéciales et de tests PCR de masse presque chaque jour. La crise immobilière en Chine précipite sa descente aux enfers. Conséquences : des services d’autobus municipaux ont été suspendus ou réduits, les prestations d’assurance-maladie des personnes âgées ont été coupées des deux tiers, ce qui a déclenché de rares manifestations en février dernier.
Et ce n’est pas que Wuhan qui étouffe. La ville de Kunming était en défaut de paiement le mois dernier sur sa dette équivalant à 225 millions de dollars. Un mois auparavant, la province du Guizhou lançait un SOS au gouvernement central à Pékin. Le défi pour la Chine est que les entités gouvernementales qui ont le plus de dettes sont celles qui sont le moins en mesure de les rembourser.
Selon des analystes financiers, la dette publique totale des gouvernements chinois dépasserait maintenant les 123 000 milliards de yuans. L’ampleur réelle du gouffre financier est cependant plus importante.
Il faut aussi inclure ce qu’on appelle «la dette cachée» d’environ 13 milliards de dollars, selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI), une dette contractée sur des plateformes d’emprunt à haut risque. Pékin oblige les municipalités et provinces chinoises à investir dans presque tout et souvent à des fins politiques, dont en sécurité, en infrastructures et en mesures de stimulation de l’économie.
Comme elles ont une capacité d’emprunt limitée, un mécanisme de contournement de ces limitations a été mis en place après la crise financière mondiale de 2008. C’est le «local governing financing vehicle» (LGFV) dont les emprunts ne se retrouvent dans aucun compte public du Bureau national de la statistique. Le remboursement de cette dette cachée est un boulet de plus en plus lourd.
Il s’effectue normalement grâce au retour sur investissement dans les différents projets financés. C’est là que le plein effet de la crise immobilière se fait sentir. Selon Gavekal Research, le rendement des actifs associés aux projets du LGFV n’était que de 0,4 % l’an dernier. Pékin a toujours refusé d’intervenir, d’accorder une aide financière aux municipalités et même de leur imposer des limites budgétaires rigides. Le besoin a rarement été là tant l’économie chinoise roulait à plein régime. Les problèmes financiers ne semblaient que passagers.
Mais face aux dettes exacerbées par la pandémie, au ralentissement de l’économie et à une crise immobilière qui pourrait être l’une des pires de l’histoire selon des analystes, que faire maintenant ? Intervenir ou laisser les municipalités se débrouiller seules avec leurs défauts de paiement ?