Recep Tayyip Erdogan est un président controversé, tant au niveau national qu’international. Ses partisans le voient comme un dirigeant fort, capable de prendre des décisions décisives pour le bien de la Turquie. Cependant, ses détracteurs l’accusent de dérive autoritaire et de réduire les libertés démocratiques dans le pays. À l’issue du second tour de la présidentielle, le président Erdogan, au pouvoir depuis vingt ans, a recueilli 52,1% des suffrages, contre 47,9% pour son adversaire Kemal Kiliçdaroglu.
«Nous tiendrons toutes nos promesses faites au peuple», a lancé le chef de l’État, affirmant que «chaque élection est une renaissance». «Cette élection a montré que personne ne peut attaquer les acquis de cette nation», a-t-il poursuivi, au soir du 28 mai 2023. Le président turc est désormais attendu sur quatre chantiers prioritaires. D’abord, la lutte contre la corruption.
Plus qu’une priorité, ce sera une urgence pour soulager une population à bout de souffle : l’inflation officielle restait en avril à plus de 40% sur un an après avoir dépassé les 85% à l’automne, résultat d’une baisse régulière des taux d’intérêt voulue par le président Erdogan. Entre août et février, le principal taux directeur a été abaissé de 14% à 8,5%, des baisses justifiées par la banque centrale par le souci de soutenir «l’emploi et la production industrielle». Selon les données officielles, Ankara a dépensé 25 milliards de dollars en un mois pour soutenir livre turque qui a perdu plus de la moitié de sa valeur en deux ans. Mais son effondrement semble inéluctable. D’autant que les réserves en devises sont passées dans le rouge pour la première fois depuis 2002. Ensuite, la reconstruction post-séisme.
Le tremblement de terre de magnitude 7,8 du 6 février dernier a dévasté des zones entières du sud-est de la Turquie, faisant au moins 50 000 morts et plus de trois millions de déplacés. Le président Erdogan a promis de reconstruire au plus vite 650 000 logements dans les provinces affectées. Le coût total des dégâts du désastre s’élève à plus de 100 milliards de dollars selon l’ONU et le président Erdogan. Autre priorité, l’OTAN.
Les alliés de la Turquie au sein de l’OTAN attendent qu’Ankara lève son veto à l’entrée de la Suède dans l’Alliance atlantique, bloquée depuis mai 2022. Alors que Stockholm a multiplié les gestes de bonne volonté, dont l’adoption début mai d’une nouvelle loi antiterroriste, la Turquie, comme la Hongrie, est restée inflexible, continuant d’exiger l’extradition de dizaines d’opposants présentés comme des «terroristes» kurdes ou issus du mouvement du prédicateur turc en exil Fethullah Gülen, qu’Ankara accuse d’être derrière la tentative de coup d’État de juillet 2016. Enfin, il y aura la réconciliation avec la Syrie.
Le président Recep Tayyip Erdogan a tenté ces derniers mois de se rapprocher de son voisin, le président syrien Bachar al-Assad, mais malgré une médiation russe ses tentatives n’ont pas abouti. M. Assad a exigé en préalable à toute rencontre avec son homologue le retrait des forces turques stationnées dans le nord de la Syrie sous contrôle rebelle et la fin du soutien d’Ankara aux groupes rebelles opposés à Damas.