Le 17 avril 2023, les autorités tunisiennes ont arrêté le chef du mouvement islamo-conservateur Ennahdha, Rached Ghannouchi, un des principaux opposants au président Kaïs Saïed accusé de dérive autoritaire, a indiqué sa formation. Rached Ghannouchi, 81 ans, qui dirigeait le Parlement dissous en juillet 2021 par Kaïs Saïed, est l’opposant le plus en vue à être arrêté depuis ce coup de force.
L’homme a été arrêté par des policiers à son domicile à Tunis, a affirmé Ennahdha dans un communiqué, en dénonçant «ce développement extrêmement grave» et appelant à sa «libération immédiate». Le vice-président d’Ennahdha, Mondher Lounissi, a affirmé lors d’une conférence de presse que Rached Ghannouchi avait été emmené dans une caserne de police pour un interrogatoire et que ses avocats n’avaient pas été autorisés à y assister. En plus de Rached Ghannouchi, plusieurs cadres de ce parti ont été interpelés le 17 avril suite à une conférence sur le thème de la liberté des «détenus politiques».
Rached Ghannouchi, dans ses propos qui circulent en ligne, met en garde contre une guerre civile probable en Tunisie selon lui, en raison de la politique menée par le président. «Le coup d’État contre la démocratie a été accueilli par des célébrations de joie. C’est un scandale, c’est criminel. Le coup d’État doit être combattu», a-t-il déclaré avant d’ajouter : en Tunisie, il y a eu une révolution et une contre-révolution. «Ceux qui célèbrent la contre-révolution ne sont pas démocrates, ils veulent nous exclure, ils sont terroristes, et ils poussent à la guerre civile».
Le 18 avril, les autorités ont procédé à la fermeture du quartier général d’Ennahdha ainsi que les bureaux lui appartenant sur l’ensemble du territoire. Ils ont également interdit à Ennahdha toute réunion. Pour le mouvement Ennahdha, l’arrestation de Rached Ghannouchi est un «enlèvement» car, aucune raison ne lui a été notifiée. Les autorités expliquent que c’est sur instruction du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme que le chef du mouvement a été arrêté. Selon la loi sur le terrorisme, Rached Ghannouchi peut être interrogé durant 48 heures sans avocat.